En ce début d’année scolaire, c’est sur toutes les chaines américaines la grande effervescence : partout, les grandes séries reviennent dans l’arène avec leurs dernières saisons, espérant obtenir une audience suffisante qui leur permettra de tenir une année de plus. Mais pour Two and a Half Men, cette année n’est pas une année comme les autres. En mars dernier, CBS et Warner Bros ont en effet décidé de virer Charlie Sheen, l’acteur principal de la série, pour quelques… disons quelques écarts de conduite (impliquant notamment des prises de drogue massive et des insultes a l’encontre du créateur de la série).
Comme si cet événement n’était pas assez traumatisant, les producteurs ont décidé de remplacer Charlie Sheen par Ashton Kutcher, petit ado a la gueule d’ange qui s’est notamment illustré dans « Sex Friends », alias le navet-ou-on-se-demande-ce-que-Natalie-Portman-est-allée-foutre-dedans. Que l’âme de la série, pratiquement l’acteur pour laquelle cette série a été faite (sérieusement: Chuck Lorre s’est en grande partie inspiré du style de vie de Charlie Sheen pour créer Two and a Half Men), qu’il soit remplacé par un acteur de seconde zone signifiait forcément la fin. Bref, en tant que fan de Two and a Half Men, mon petit cœur saignait d’imaginer une des meilleurs séries comiques américaines agoniser lentement, perdre un peu plus d’audience a chaque saison avant qu’un producteur daigne enfin l’achever.
C’est donc avec les mains moites, la bouche sèche et le front en sueur que je me suis assis devant ma télévision, me préparant a assister avec effroi à la boucherie que serait inévitablement la saison 9 de Two and a Half Men.
La genèse de Two And A Half Men
Mais revenons un peu en arrière. Parce qu’après tout, il n’est pas du tout impossible que vous ne connaissiez pas cette série. Two and a Half Men a beau être un des show télévisés comiques les plus populaires aux États-Unis, la version française est tellement minable qu’elle n’a jamais réussi à percer chez nous. Two and a Half Men est une série diffusée pour la première fois en septembre 2003 et qui raconte les tribulations de Charlie Harper, richissime musicien vivant a Malibu et qui se retrouve a accueillir son frère Alan après que celui-ci se soit fait jeter par sa femme.
La série joue sur un thème très classique mais diablement efficace : l’antagonisme entre deux personnages que tout oppose. Charlie est plein aux as, c’est un énorme feignant qui enchaine les conquêtes, boit, fume et joue en permanence. Son frère Alan est ruiné, sa femme a récupéré sa maison et il doit lui payer une pension, il a un boulot minable de chiropracteur et a 40 ans, il a abandonné tout espoir d’approcher une femme à nouveau.
Bref les deux frères n’ont rien a voir, et vont devoir vivre ensemble, Charlie luttant pour virer son frère de sa maison, Alan luttant pour retrouver une dignité. Entre les deux frères, le fils d’Alan, Jake, joue le rôle de balance : c’est au final le plus normal, celui qui va montrer par quelques phrases bien senties que les deux adultes sont aussi crétins que lui. On a donc une sorte de triangle, autour duquel gravitent une foule de personnages secondaires.
La neuvième saison en question
La série en est aujourd’hui a sa neuvième saison. Si vous ne l’avez jamais regardé, je vous recommande de commencer directement a la troisième, qui sonne la véritable montée en puissance de la série. Les deux premières saisons, bien que sympathiques, sont tout de même beaucoup moins drôle que ce que Chuck Lorre produira ensuite. Ces piètres considérations techniques expédiées, abordons le cœur du sujet : pourquoi Two and a Half Men, c’est drôle ?
Pour commencer, parce que dans un univers ou la majorité des séries comiques sont constitués de fringants new-yorkais qui sont vachement amis et qui font plein de trucs ensemble et qui tombent amoureux et wahou c’est super, c’est quand même rafraichissant d’avoir un héros qui soit le pire des branleurs, qui se drogue, enchaine les coups d’un soir et appelle des prostitués quand il a la flemme de draguer, tout en étant riche et en réussissant a peu près tout ce qu’il tente.
Ensuite, et surtout, parce que Chuck Lorre est quelqu’un de très, très talentueux.