C'était le samedi du Yom Kippour.
Avec une pensée pour les juifs, j'ai loué Barney's Version.
Le livre de Mordecai Richler est un chef -d'oeuvre. Je l'avais lu autour de la naissance de mon fils en 99, relu en janvier 2010, même pas un mois après la mort de mon père.
Naissance/mort. Les deux fois le livre m'avait bouleversé. Peut-être parce que je l'avais lu les deux fois dans des circonstances extrèmes. But so was Mordecai: extrème. Peut-être qu'inconsciemment tout ça était calculé.
L'adaptation en film du livre de Richler par Richard J.Lewis est aussi grandiose. Le casting tout d'abord est tout à fait parfait. Paul Giamatti est TOUJOURS parfait. Une fois encore, il incarne un Barney Idéal. Scott Speedman est une découverte en tant que meilleur ami opportun. Minnie Driver se fait toujours trop rare. Elle doit être la seule comédienne à toujours réussir à jouer la fatiguante de manière crédible tout en restant sexy. Dustin Hoffman vole toute les scènes dans lesquelles il apparaît. On découvre le vrai fils de Dustin Hoffman pour jouer son petit-fils. Il y a aussi Bruce Greenwood qui rend toujours l'écran plus grand et une furtive Rachelle Lefevre (rôle qui lui a quand même coûté celui plus payant qu'elle avait dans Twilight); puis Paul Gross, Denys Arcand, David Cronenberg, Ted Kotcheff, Atom Egoyan, Saul Rubinek, Macha Grenon et la tour de Radio-Canada dans de petits caméos forts sympathiques. Montréal toujours si séduisante. Même si la ville n'est pas toujours en images (plusieurs scènes ont été tournées assurément ailleurs) l'esprit de Montréal, et du controversé Mordecai transpire de partout. Quand Leonard Cohen est venu caresser mes oreilles, j'ai eu un grand frisson.
Barney's Version raconte la vie et les trois mariages de Barney Panofsky et la mystérieuse disparition de son meilleur ami qui avait couché avec sa femme tout juste avant de disparaître dans la rivière, saoûl et en sa compagnie. Barney est accusé du meurtre de son ami mais disculpé devant l'absence de corps et les multiples témoignages incohérents de Barney qui sera au bout du compte diagnostiqué atteint de la maladie d'Alzheimer.
La maladie d'Alzheimer est une terrible et fatale maladie mentale. L'amoureuse a perdu un grand-père dans cette horrible tempête intérieure. Sa mère a perdu son père. Quelque fois on s'inquiète pour sa maman sur le sujet. Les inversions de noms et prénoms, les conversations qu'elle croit ne pas avoir eues avec nous, les petits détails qui font quelque fois qu'on déraille.
Le livre sur le sujet traite la maladie de manière extradiégétique. C'est-à-dire que nous lisons la version de la vie de Barney Panofsky mais son fils, Micheal (joué par Jake Hoffman dans le film) ajoute des notes de bas de pages qui corrigent les propos de son père et c'est par ses notes de bas de pages que l'on apprend que le narrateur est atteint de l'Alzheimer.
Dans le film cette constation devient claire quand Barney fait une crise par rapport à un ami "qui vient tout juste de mourir" mais qui dans les faits est mort il y a un an. Scène suivante, Barney est questionné par son docteur sur la marque de sa voiture qu'il est incapable de trouver. I'm Your Man de Cohen nous est offert à l'oreille tout de suite après. Frissons.
La dérive qui suit est intense, touchante, bouleversante.
Il y avait un très bon livre.
Il y a aussi un très bon film.
Seul le titre en français est une bêtise.
Le Monde de Barney? Combien d'entre vous ont vu un dinosaure mauve en lisant ces mots?
Le livre à été traduit par le même sale titre.
La Version de Barney aurait été pas si mal.
Je vous ai offert mon choix en titre de ce post.
Peu importe le titre, peu importe la langue,
Lisez ce livre, vous allez rire et pleurer.
Voyez ce film, vous allez passer un sapré bon moment.
Qui se termine sur des flocons sur le Mont-Royal.
Merci la vie pour Mordecai Richler.
Et Richard J. Lewis et toute son équipe dans cette belle aventure de chez nous.