A trois jours du second tour de la primaire socialiste, François Hollande et Martine Aubry se sont retrouvés sans concession sur France 2 dans un face-à-face qui ressembla parfois à un duel, heureusement à fleurets mouchetés. Alors que le premier enregistre les soutiens de Jean-Michel Baylet, de Manuel Valls et de Ségolène Royal « sans négociations » et joue effectivement la carte du rassemblement, la seconde est revenue sur la « Gauche dure » qu’elle entend incarner face à la « Gauche molle ». Ce à quoi, François Hollande lui a opposé sa référence à « une gauche solide et sincère ». Le désendettement pour « se rendre souverain et se libérer des contraintes bancaires », prolongea un débat marqué par plusieurs clivages. A commencer par le Contrat de génération défendu par le candidat pour permettre de conserver un senior et d’embaucher un jeune avec, à la clef, une exonération des cotisations sociales pendant trois ans pour l’entreprise et auquel s’oppose Martine Aubry.
Les deux candidats se sont cependant retrouvés sur le départ en retraite à 60 ans après 41 ans de cotisations – même si Martine Aubry a tenté d’instrumentaliser Pascal Terrasse qui a aussitôt démenti sur twitter - et sur la nécessité d’une réforme fiscale prônée depuis plusieurs mois par François Hollande. Dans cette seconde partie de soirée, le candidat se montre plus concret, moins technocratique sur la crise financière, la nécessité de faire payer les licenciements boursiers et d’instaurer un fonds de garantie bancaire.
François Hollande est également revenu sur la priorité donnée à la jeunesse et à l’éducation et face aux 100 000 suppressions de postes dans l’Education nationale, il a donc réaffirmé sa proposition de 12 000 créations annuelles de postes. Un autre point de clivage avec Martine Aubry qui, elle, estime que ces créations ne sont pas tout. L’Europe et le protectionnisme cher à Arnaud Montebourg amenèrent ensuite François Hollande à proposer une taxe carbone aux frontières et la réciprocité. En clair, il s’affirma « pour une économie ouverte, pas une économie offerte (…) On ne va pas se donner à des concurrents qui ne respectent rien ». Cependant ajoute-t-il, « si Air France n'achète que des Airbus comme le souhaite Arnaud Montebourg, American Airlines n'achètera que des Boeing ».
Pour terminer, l’exemple de la crise grecque prouve aujourd’hui que l’Union européenne manque de volonté et d’unité. Chacun se retrouva donc sur la nécessité d’instaurer de nouvelles règles de gouvernance en Europe, mais également en France où il conviendra de battre Nicolas Sarkozy pour faire avancer la France. En fin de soirée, aux tacles de Martine Aubry sur son expérience gouvernementale et sur l’état du Parti Socialiste à sa prise de fonctions, François Hollande rappela qu’il n’était pas, lui, un protagoniste du Congrès de Reims. En se posant en homme neuf, il demanda donc aux Français « un acte de confiance » pour lever une nouvelle espérance.