La chute de Berlusconi ?

Publié le 13 octobre 2011 par Copeau @Contrepoints

Vers une fin cruelle pour le Premier Ministre italien Silvio Berlusconi ?

Un article d’Open Europe

Nous en sommes arrivés là plusieurs fois auparavant, et nous savons que les grosses surprises sont toujours au coin de la rue avec le Premier Ministre Silvio Berlusconi. Mais cette fois l’accablant crépuscule politique d’Il Cavaliere pourrait bien toucher à sa fin. En fait, Berlusconi doit adresser un discours d’ouverture à la chambre basse du parlement italien ce matin (il était à l’origine prévu pour hier après-midi), indiquant les priorités de son gouvernement pour les prochains mois. Le programme sera ensuite soumis à un vote de confiance ce vendredi. Si Berlusconi ne réussit pas à réunir une majorité de voix, il n’aura certainement pas d’autres choix que de démissionner.

La décision d’appeler à un vote de confiance n’est clairement pas sortie tout d’un coup de nulle part. Hier était un mauvais jour pour Berlusconi et son gouvernement, qui a subi au moins trois coups durs. En premier lieu, la chambre basse du parlement italien n’a pas trouvé de terrain d’entente sur l’adoption du premier article de l’examen du budget 2010 — un document bureaucratique dont l’adoption est d’ordinaire une simple formalité.

Les détails de l’issue du vote sont essentiels. Le gouvernement avait besoin d’une majorité de 291 voix, mais n’en a obtenu que 290. Il est assez significatif que le ministre italien de l’économie Giulio Tremonti, et le leader de Lega Nord — un modeste partenaire de la coalition — Umberto Bossi, étaient dans le bâtiment du parlement mais n’ont pas pris part au vote, et que Tremonti ait pénétré dans la salle quelques temps après le verdict (de manière à provoquer ?). Suite au vote, des membres importants du parti de Berlusconi — y compris le ministre de la Défense Ignazio La Russa — ont vivement conseillé au Premier Ministre de vérifier si le gouvernement était toujours soutenu par une majorité au parlement.

En second lieu, la Cour des Comptes italienne a écorné le projet gouvernemental de réforme du régime fiscal, à cause d’une incertitude sur sa portée financière. La réforme proposée est une pièce centrale parmi les mesures d’austérité destinées à atteindre un budget à l’équilibre en 2013, puisqu’il est prévu qu’elle rapporte 20 milliards d’euros sur les trois prochaines années (principalement à travers l’abolition de centaines d’allégements fiscaux en vigueur aujourd’hui).

Enfin, la Commission Européenne a critiqué les plans du gouvernement italien pour une amnistie fiscale, prévenant que le recours à des « mesures temporaires telles que les amnisties fiscales dans le but d’atteindre un budget à l’équilibre en 2013 nuit à la crédibilité de la stratégie de réduction de la dette et du déficit de l’Italie. »

En d’autres termes, le gouvernement italien est sous le feu sur tous les fronts. En effet, Berlusconi a déjà fait face à une situation similaire en décembre dernier, mais il a réussi à remporter le vote de confiance grâce à quelques députés d’opposition — remerciés plus tard avec quelques affectations gouvernementales — tournant le dos à sa coalition au pouvoir. Toutefois, la situation aujourd’hui semble bien différente. Durant les dernières semaines, Umberto Bossi, le leader de Lega Nord, a fait allusion de manière répétée à la possibilité d’élections anticipées, affirmant qu’il pensait qu’il serait “objectivement compliqué” pour la coalition au pouvoir de rester aux affaires jusqu’en 2013, date prévue pour les prochaines élections générales. Ainsi donc, le vote favorable des députés de Lega Nord n’est pas chose acquise, tout du moins pour le moment.

Mais le pire pour Berlusconi pourrait venir de son propre parti. Un groupe de députés et de sénateurs « rebelles », dirigé par les anciens ministres Giuseppe Pisanu et Claudio Scajola, a appelé à la formation d’un « gouvernement de transition », peut-être ouvert aux partis du centre. Les votes de ce groupe de députés pourraient être décisifs.

La situation semble extrêmement vague en ce moment, quelques médias suggérant que, à cause de la pression de plus en plus forte de Lega Nord, Berlusconi pourrait appeler à des élections anticipées l’année prochaine même s’il gagnait le vote de confiance. Ce n’est pas forcément une mauvaise nouvelle, malgré la situation économique précaire en Italie. Ce dont l’Italie a besoin maintenant, c’est d’un gouvernement stable et crédible pour mettre en place, entre autres, les réformes exigées par la BCE (voir ici et ici). Après tout, les marchés n’enfoncent pas l’Espagne, même après l’annonce par le Premier Ministre José Luis Rodriguez Zapatero de la tenue d’élections anticipées.

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