Cet acharnement à vouloir sauver la Grèce à crédit est la pire des solutions. Les États jouent l’avenir des peuples à quitte ou double !
Par Philippe Robert
Petit rappel historique en deux temps concernant les tenants et aboutissants du FESF selon Wikipedia :
- 1. « Suite au sommet de l’eurozone du 11 mars 2011 réunissant les dirigeants des pays de la zone euro, un accord a été trouvé pour augmenter la capacité d’intervention effective du FESF à 440 milliards d’euros, grâce à une augmentation des garanties des États de la zone euro. Par ailleurs, depuis ce sommet, le FESF a le droit d’acheter de la dette primaire, c’est-à-dire nouvellement émise par les États ».
- 2. « Le jeudi 21 juillet 2011, les Européens ont décidé d’élargir le rôle du FESF : il pourra maintenant racheter des obligations d’État sur le marché secondaire, participer au sauvetage des banques en difficulté, prêter à des États en situation difficile. Son action est conditionnée à l’avis unanime des pays participants et de la BCE. Ces dispositions ne rentreront en vigueur qu’après ratification par les Parlements nationaux ».
Tout cela est bel et bon sur le papier, mais voilà. Ce mardi 11 octobre 2011, Jacques Guillemain, de la société civile, assène à bon droit sur Internet les évidences suivantes qui ne devraient échapper à personne :
« L’haircut de 60% (Ndlr : effacement de 60% de la dette grecque) envisagé pour aider la Grèce est une ignominie. C’est un encouragement à la fraude fiscale et au mensonge (…) Cet « haircut » de 60%, qui n’est rien d’autre qu’un transfert de dettes, ne règlera rien (…) Tôt ou tard, toute l’Europe sera ruinée, car le point de non retour a été largement dépassé en matière d’endettement. Et personne ne pourra retarder éternellement l’inévitable big-bang de la zone euro ».
Pour sa part, Vincent Bénard, orfèvre en la matière, conclut son article « Eurozone : Qui veut la peau du FESF ? » comme suit :
« C’est à la Grèce, et à la Grèce seule, de décider si elle doit faire défaut sur sa dette, et de combien. C’est une décision qui appartient aux institutions grecques, élues par le peuple grec. Mais elle se doit d’en supporter toutes les conséquences. En aucun cas nous ne devons, à travers le FESF, la monétisation ou tout autre mécanisme similaire de déresponsabilisation des insouciants, créer auprès des États surendettés l’illusion d’une possibilité de défaut de paiement sans douleur. Il n’y a pas de repas gratuit. »
Le bon sens même ! Je suis donc saisi d’un très mauvais pressentiment. En effet, cet acharnement à vouloir à tout prix sauver la Grèce (et le reste) à crédit m’apparaît comme la pire des solutions dès lors que les États, s’appuyant en dernier ressort sur la richesse virtuelle des citoyens, jouent l’avenir des peuples d’Europe à quitte ou double !
La responsabilité de Bratislava est donc écrasante et l’on peut aisément comprendre que le Parlement slovaque éprouve le plus grand mal à prendre la décision d’appauvrir le pays pour une cause quasiment perdue. Finalement, ce n’est pas tant la Grèce qu’il faut sauver que l’Union européenne qu’il faudrait, de toute urgence, réformer en profondeur.
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