Depuis que j’erre sur la blogosphère, que je consulte assidûment les magasines féminins online et offline, je dois me rendre à l’évidence : nous sommes toutes des femmes-sandwiches, et pire que ça, nous cherchons à l’être. L’émancipation de la femme c’est donc simplement cela. Comme on a pu le voir dans Mad Men, donner la parole à la femme, oui, mais pourquoi ? Pour vendre.
Attendez, je vais étayer mon point de vue. J’ai lu bon nombre d’articles comparant un Glamour à un blog mode aujourd’hui. Le blog mode a pour vocation d’être le point de vue d’une jeune demoiselle lambda (comme vous et moi) qui parle de ses goûts, de ses coups de coeur, de sa vie. Sa mère, son chat et Docteur House comme dirait Bérengère Krief.
Tout le monde sait aujourd’hui que c’est plutôt faux, il suffit de lire les tweets des « modeuses » pour se rendre compte que tout partenariat est bon à prendre, que chaque évènement d’une marque devient The Place to Be pour grapiller quelques produits, quels qu’ils soient. Même si on rêve toutes de Balenciaga et Chanel, à défaut on fera la promotion d’Asos et Spartoo. Bah ouais, c’est ça les blogs mode : des bons plans l’envie de s’habiller gratuitement, pour pouvoir continuer à financer ses études. Tout le monde bien sûr n’est pas dans ce cas, encore faut il avoir un nombre de visiteurs conséquents. Et qui dit visiteurs nombreux, dit blog qui existe depuis un certain temps, et donc, qui a été rempli de vrais articles, avec un vrai univers, ce qui a donc séduit les marques par la suite. C’est la règle du jeu, et que la première à vouloir absolument rester intègre et ne proposer gratuitement à ses lecteurs qu’un point de vue strictement personnel, lève la main. Honnêtement. Voilà, il n’y a pas grand monde. Normal, on fait toutes partie de ce putain de monde capitaliste. Et toi qui lève quand même la main, c’est simplement que ton blog n’est pas à la hauteur, ou alors que tu es rentière et fille secrète de Liliane Bétancourt.
Ce n’est donc pas une critique, mais un point de départ pour dénoncer les pratiques soit disant journalistiques de nos magasines favoris. Je ne parlerais pas de Vogue, Glamour, Cosmo, Biba, Be et autres, qui ne sont quasiment plus que des catalogues de marques mises en page. Avec éventuellement une ligne éditoriale… qui se limite souvent à pomper les blogs influents justement. Mais j’ai envie de parler de Paulette. (QUOI???). Oui Paulette.
Quel joli et magnifique concept : le magasine (payant) pour nous les vraies filles qui allons poser dedans. A mort Kate et Eva Mendès, bonjour toi la blogueuse provincial qui va chez H&M. C’est fait main par de gentilles filles qui veulent notre bien et qui nous parlent de vraies choses. Le graal quoi. Et puis… on décortique. Quel concept incroyable : des mannequins gratuits (c’est vous!), de la pub gratuite (tous les blogs en parlent, car toutes les nanas veulent être dedans), des marques qui banquent pour avoir une image de petite boutique dénichée par les Paulettes. Incroyable. Et en plus, on en appelle à votre bon coeur : participez,, devenez paulette, sponsorisez la création, l’innovation, un projet over ambitieux, indépendant et tellement éthique. Tout cela rabâché sur twitter 40 fois par jour, retweeté par toutes les blogueuses, qui finissent par nous faire culpabiliser de ne pas payer pour que Paulette se retrouve enfin en Kiosque.
On rêve. Oui c’est bien cela. La femme sandwich vénale est en plus complètement bernée dans cette affaire. Avant on avait des cadeaux pour faire de la pub, maintenant on me fait penser que l’on est has been de ne pas promouvoir Paulette. L’indépendance c’est beau, c’est bien, et aujourd’hui c’est compliqué de s’en sortir sans Mondadori ou Hachette derrière. J’en conviens. Mais le lavage de cerveau là, je frôle l’overdose.
Perso, je retourne sur les blogs que j’apprécie, sponsorisés ou pas, qui me feront juste culpabiliser de ne pas encore avoir dépensé un euro dans les vernis Essie.
Vic.