Ailleurs, l'euro risquait encore de sombrer. La Slovaquie avait refusé le plan européen et la Commission de Bruxelles demandait une recapitalisation des banques de l'Union avant que la Grèce ne fasse défaut.
Nicolas Sarkozy, lui, faisait semblant d'ignorer. Il paniquait. Il espère, avec ses courtisans, que la primaire socialiste délivrera un candidat faible d'un camp divisé.
Quelle ambition pour la France !
Crise de l'euro
C'est à n'y rien comprendre. La minuscule Slovaquie désapprouve finalement le renforcement du fond européen de stabilisation financière et le plan de sauvetage de la Grèce adopté par les chefs d'Etat de l'euro-group en juillet dernier. Mais les marchés financiers ont ... bien réagi. Point de secousses, ni de krach, alors que ce refus retardait d'autant l'adoption dudit plan. En fait, les autres dirigeants européens, français en tête, se sont précipités sur les ondes pour expliquer qu'un second vote corrigerait cette « erreur » démocratique. Les Bourses, un peu chancelantes à l'ouverture, pouvaient être rassurées.
Ainsi Alain Juppé, ministre des affaires étrangères interrogés mercredi matin sur France info, s'est-il exclamé: « Ce n'est pas une bonne nouvelle (…) mais je fais confiance aux autorités de Slovaquie ». Dans un communiqué conjoint, les présidents de l'Union européenne et de la Commission européenne, Herman Van Rompuy et José Manuel Barroso, développaient le même argument: « Nous restons confiants sur le fait que les autorités slovaques et le Parlement sont tout à fait conscients du caractère crucial d'avoir un Fonds de soutien européen renforcé pour préserver la stabilité financière de la zone euro »
Les 55 députés slovaques, sur 155, qui ont refusé le plan européen, en seront pour leur frais. Les 60 qui se sont abstenus devront se motiver. Il va falloir revoter, rapidement et positivement !
Dès mercredi, l'approbation du plan européen était quasiment acquise. Par une tractation interne que seule la raison d'Etat ou la raison européenne peuvent expliquer, un accord avec l'opposition avait été « scellé » dès mercredi. Formidable !
Le problème était ailleurs: même la Commission de Bruxelles réclame désormais la recapitalisation des banques européennes: « Pour restaurer la confiance dans le secteur bancaire européen, un effort de recapitalisation, coordonné et ciblé est nécessaire ». Le président Baroso de la Commission ne visait pas seulement les banques fragiles telles Dexia, mais les 90 banques européennes dont françaises soumises aux stress-tests la semaine dernière.
En France, on a joué les « autistes électoraux ». A Berlin, l'entourage de Mme Merkel avait peur que la France, comme d'autres, récupère une part des sommes du Fond européen de Stabilité financière. Donc, en France, on a rassuré le cousin allemand: «Le FESF pourra prêter à certains États qui auraient besoin de ces prêts pour recapitaliser leur système bancaire, la France n'y fera pas appel» a expliqué la ministre Pécresse.
Est-ce la fin de règne ?
Le stress, à l'Elysée, est visiblement palpable. On s'agace du temps de parole, incroyable, attribué au Parti Socialiste. Après 4 ans de déplacements bi-hebdomadaires du Monarque en province, voici que l'opposition avait donc droit à la parole. Rappelons que la parole présidentielle n'est décomptée de l'UMP que depuis... 2009. Incroyable. Pour rattraper son « retard », Sarkozy prépare d'autres artifices, comme ce déplacement.. aux Etats-Unis et en Chine... Il faut amortir le coût de l'Airbus présidentiel...
Jean-François Copé, dirigeant désigné dans un bureau de l'Elysée il y a un an, a accusé Arnaud Montebourg de défendre des positions... bolcheviks...
« une tutelle des banques sans que ça coûte aux contribuables. C'est ce qu'ont fait les bolcheviks en 1917. Je ne sais pas si vous voyez l'état psychologique d'une partie de la gauche française ! »Fichtre ! Depuis Pétain ou Tixier-Vingnancour, qui avait donc traité un responsable social-démocrate de bolchevik ? Jean-François Copé est affaibli. Ses relations avec l'homme d'affaires Ziad Takieddine, mis en examen dans l'affaire du Karachigate, sont en passe de plomber sa prochaine candidature pour l'élection présidentielle de 2017. Le site Mediapart rappelait, ce mercredi 12 octobre, que « Ziad Takieddine a assuré en octobre 2003 l'organisation et le financement d'un voyage de trois jours au Liban de M. Copé, à l'époque secrétaire d'Etat en charge des relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement français, et de sa femme, qui comportait de nombreux rendez-vous officiels ». «Je n'ai jamais eu de relations à caractère professionnel avec Ziad Takieddine» expliquait l'ancien ministre du Budget, à propos de l'ancien exilé fiscal.
Le stress est donc évident. D'ailleurs, on se presse, en Sarkofrance, pour certaines décisions.
Prenez Sarkozy. Il accélère sa campagne, même si, bien sûr, il n'est pas candidat. Cela fait sourire. Il donne des leçons de gaullisme, expliquant que les primaires, qu'il a institué dans les statuts de l'UMP quand il s'agissait de préparer son propre plébiscite, étaient contraires à l'esprit de la Vème République. Quelle jolie erreur ! La position sarkozyenne fut incomprise à droite. François Fillon, son propre premier ministre, venait d'expliquer combien la démarche était ... moderne.
Prenez ses Légions d'Honneur, Sarkozy les distribue par dizaines d'un coup, chaque mercredi après-midi. Rappelez-vous ses précédentes légions d'honneur délivrées par dizaines. Tout ce que l'actuel monde des soupçonnés dans les affaires du moment a été décoré par Nicolas Sarkozy, avec entrain et enthousiasme, depuis mai 2007.
Ce 12 octobre, il s'était encore réservé 45 minutes pour décorer l'épouse d'un grand patron, un antiquaire renommé, un cinéaste et sept autres médaillées en conseil des ministres. Une brochette de ministres, conseillers et sous-secrétaires d'Etat étaient là, au lieu de bosser. On avait même croisé Jean-Louis Borloo qui traînait là pour attraper Nicolas Sarkozy au passage.
Le stress sarkozyen se voit aussi à quelques mesures, discrètes. Ainsi, en coulisses, le gouvernement signe et publie quelques décrets qui feront tâche.
L'an prochain, les futurs naturalisés devront prouver leur maîtrise de la langue: « Tout demandeur doit justifier d'une connaissance de la langue française caractérisée par la compréhension des points essentiels du langage nécessaire à la gestion de la vie quotidienne et aux situations de la vie courante ainsi que par la capacité à émettre un discours simple et cohérent sur des sujets familiers dans ses domaines d'intérêt ».
Autre décret discret, malheureusement dévoilé par des associations écologistes dès sa publication. Un décret signé François Fillon et Nathalie Kosciusko-Morizet qui prévoit, pour « lutter » contre la pollution des eaux par les nitrates, un nouveau mode de calcul des « plafonds d'épandage ». Ainsi, le seuil par hectare sera calculé sur totalité de la surface agricole utile des exploitations agricoles, et non plus la surface potentiellement « épandable », c'est-à-dire déduction faite des surfaces à proximité des cours d'eau, du littoral ou des tiers. Au final, les associations écologistes locales estiment que les agriculteurs du coin pourront augmenter leur déversement d'azote de 20%, ce même azote qui favorise le développement des endémiques algues vertes de Bretagne. « Les algues vertes ont encore frappé » s'indigne notre confrère SuperNo. Il a raison. La décision est simplement indigne.
Finalement, on retiendra que Nicolas Sarkozy s'était fait tirer les joues au laser, une modeste opération de chirurgie esthétique confiée par le président de la République lui-même en marge de son déplacement dans le Caucase. « Je ne considère pas comme de la chirurgie esthétique le fait de se faire stimuler le collagène naturel par un laser. Ça lisse la peau et ça donne bonne mine » avait-il expliqué dans son avion présidentiel vendredi dernier. Il aura du mal à vieillir, à quelques jours de la naissance de son dernier fiston.
Il faudra vérifier. On s'en chargera.
Et les affaires ?
L'Elysée s'agace de l'importance des primaires. Mais l'Elysée devrait se féliciter de la diversion médiatique que ces dernières ont fournies vis-à-vis des affaires. Ces denrières sont encore nombreuses, très nombreuses. Patrick Buisson, conseiller ès sondages et opinion de Nicolas Sarkozy, dont le rôle fut révélé par un enquête de la Cour des Comptes en 2009, fait l'objet d'une plainte pour favoritisme déposée en février 2010 par l’association Anticor. Buisson recevait déjà 10.000 euros par mois, mais aussi 1,5 million d’honoraires via sa société Publifac, le tout sans appel d'offre comme le prévit pourtant la réglementation en matière de marchés publics.
Buisson avait été décoré parmi les premiers, en septembre 2007, de la Légion d'honneur. Près de quatre ans après les faits, le parquet général, aux ordres du ministre de la Justice de Nicolas Sarkozy, soutient que l’immunité prévue par l’article 67 du code pénal devait « prendre en compte l’intervention possible de collaborateurs du cabinet pour l’accomplissement des tâches de la fonction présidentielle. » En d'autres termes, le parquet demande au juge d'instruction de considérer que les collaborateurs du Président de la République bénéficient de la même et scandaleuse immunité pendant la durée du mandat.
République irréprochable ?