Martine Aubry, mon général !

Publié le 13 octobre 2011 par Mtislav
Je suis bon public. Si je retrouve mon ticket, j'irais dimanche la tête haute dans l'isoloir déposer mon bulletin de vote et ainsi amortir la folle dépense engagée la semaine dernière. Jusqu'à ce soir, je n'envisageais pas d'engager une telle démarche. Je le sais désormais, ce sera Martine Aubry. Laissez-moi vous expliquez pourquoi.
Lorsque j'ai allumé mon poste, la bataille de chiffres était déclenchée. Mon intention était de découvrir la tête de Pat' Co' (le petit nom que Pascale Clark a donné à Patrick Cohen, le journaliste qui anime la matinale d'Inter).  Et voilà que je me retrouve plongé en plein "Orage d'acier".
"Nous traversâmes sans difficulté un lacis de barbelés en morceaux et sautâmes dans la première tranchée, qui était à peine discernable. La vague d'assaut passa en dansant, comme une file de fantômes, à travers des vapeurs blanches, errantes, par-dessus des creux aplatis comme au rouleau. Il n'y avait plus un seul ennemi ici."*
Pas un seul ennemi sur le plateau mais je reconnais facilement Monsieur et Madame Clausewitz. "Quand la supériorité absolue n'est pas possible, vous devez rassembler vos ressources pour obtenir la supériorité relative au point décisif." Je me sens dans un état de faiblesse extrême, mon cerveau tout occupé à analyser la dimension auditive de l'événement tandis que mon oeil erre à la recherche du mauvais cheval. Bizarre, je ne lui voyais pas cette tête à Pat' Co' !
"- Ce n'est pas la voix du capitaine !" J'essaye de me protéger des milliards par-ci, des niches fiscales par-là mais c'est une tuerie monstrueuse. C'est tellement épuisant qu'on est obligé de faire monter au front de nouvelles recrues. Il y en a un qui arrive tout essoufflé ! Soldat Pat' Co', au rapport !
"Contre toute attente, une mitrailleuse se mit à cracher contre nous de la seconde ligne. Je bondis avec mes compagnons dans un trou d'obus. Une seconde après, un craquement terrible retentit, et je tombai la face contre terre. Pat' Co' m'attrapa par le col et me retourna sur le dos: «Vous êtes blessé, mtislav ?» On ne trouva rien. L'engagé avait un trou dans le haut du bras et affirmait en gémissant qu'une balle lui était entrée dans le dos. Nous lui arrachâmes son uniforme pour le panser. Un sillon régulièrement tracé indiquait qu'un shrapnell s'était abattu sur le bord de l'entonnoir à la hauteur de nos visages. C'était miracle que nous fussions encore en vie. François et Martine étaient encore plus forts que nous ne l'avions cru."
Arrêtez ce massacre, parlez moi du social. Pat' Co' a quitté lâchement le théâtre des hostilités. Françoise Fressoz engage une escouade de cavaliers sur la case démondialisation, un terrain qui a justement été reconnu par un officier d'ordonnance la nuit dernière, le courageux Helmut von Montebourg.
"Je sautai dans la première tranchée; m'élançant derrière la première traverse venue, je me heurtai à Monsieur François Clausewitz, à la vareuse déboutonnée, dont pendait sa cravate, par laquelle je l'empoignai pour le plaquer contre un parapet de sacs. Derrière moi, la tête chenue de Martine Clausiwtz apparut; elle me cria: «Abats ce chien!» "
Incontestablement, le ton de la voix de Martine apparaissait comme l'un de ces alliages nouveaux qu'on disait indestructibles et qu'allait produire en masse la machine industrielle renaissante. Elle emportait la décision largement. Nous étions à ses ordres. Martine Clausewitz avait désormais l'avantage.
* les citations sont largement empruntées à Ernst Jünger


photo : Eric von Stroheim et Denise Vernac dans "La Danse"