La première saison de Harry's Law avait bien des défauts (que j'évoque ICI) mais elle avait aussi beaucoup de qualités (que j'évoque ICI aussi). Pour que la nouvelle série judiciaire de David E. Kelley tienne la route plus longtemps, il était nécessaire d'opérer quelques ajustements au niveau de la distribution et le célèbre créateur est coutumier de l'exercice. The Practice, Ally McBeal, Boston Public et Boston Legal ont toutes connu ce type de bouleversements lors de leurs premières saisons et cela leur a porté chance. Elles ont souvent connu d'autres gros changements dans les dernières saisons d'ailleurs, mais là c'était moins réussi... La jeune Harry's Law perd ainsi un de ses personnages réguliers, Malcolm -pas le plus intéressant du lot c'est vrai- et réduit la standardiste Jenna au rôle de guest-star dans les premiers épisodes avant, vraisemblablement, de disparaitre complètement. Là c'est un peu plus regrettable mais la série n'a pas besoin d'elle pour survivre. Deux nouveaux personnages réguliers débarquent dans la saison 2 tandis que Sir Tommy Jefferson prend du galon. Adam, quant à lui, est toujours en poste et on s'en réjouit.
Concrétement, Ollie, incarné par Mark Valley, vient prêter main forte à Harry sur une très grosse affaire de meurtre qui occupera l'essentiel des trois premiers épisodes de la saison, pendant que Cassie Reynolds, jouée par Karen Olivio, est la nouvelle recrue du cabinet. Le premier va très vite se faire une place de choix au sein de la nouvelle dynamique de la série, la seconde va avoir un peu plus de mal, essentiellement parce que Kelley lui a offert un cas sans intérêt dans le premier épisode et que, dans les suivants, elle a peu l'occasion de briller. Elle parvient malgré tout à dévoiler son potentiel entre deux scènes. On peut donc dire que l'on a gagné au change, indéniablement. Mais le but de ces trois premiers épisodes est avant tout d'asseoir Harry encore plus confortablement dans son rôle d'héroïne. Rien de tel pour ça qu'une belle rivalité avec une certaine Roseanna Remmick, de la trempe des meilleurs personnages créés par Kelley, sublimée par l'excellente Jean Smart ! Les joutes verbales entre les deux femmes, à base de "fat little troll" et de classiques mais efficaces "bitch", sont un bonheur de chaque instant, bien qu'il manque une scène dans le troisième épisode pour conclure dignement leurs savoureux affrontements.
Le cas Sanders en lui-même, très fort, même si The Good Wife en a eu un similaire en saison 1 -puis revisité par la suite- plus intense et effrayant, a commencé doucement avant d'exploser dès le deuxième épisode. Alfred Molina était parfait en accusé et les nombreux rebondissements, surtout ceux du troisième épisode, étaient magistralement orchestrés, jusqu'à la révélation finale très Law & Orderienne dans l'approche et particulièrement surprenante ! Au bout du compte, chaque membre de la famille Sanders semble être cinglé à divers degrés et il n'en ressort pas une grande impression de réalisme, mais les scènes au tribunal étaient à couper le souffle. Le personnage de Roseanna Remmick souffre sans doute d'une déchéance trop rapide et trop facile d'un point de vue scénaristique mais ils n'allaient pas non plus étendre l'affaire sur dix épisodes... Toute la nouvelle équipe a dû se montrer soudée autour de Harry, même si certains, Adam en premier lieu, n'ont eu qu'un rôle minime à jouer. Sinon, les thèmes musicaux grandiloquents ont été remplacés par des thèmes plus sobres mais pas tellement plus modernes, et les images de Cincinatti ne sont plus du tout vieillottes.
// Bilan // Avec ces trois premiers épisodes de la saison 2, David E. Kelley est parvenu à ses fins : il a renforcé le casting de la série tout en douceur en lui donnant ainsi plus d'envergure. Harry's Law perd malheureusement simultanément en originalité puisque la nouvelle configuration rappelle énormément celle de Boston Legal pour ne citer qu'elle, mais si c'est le prix à payer pour qu'elle perdure sur les écrans alors je l'accepte sans broncher !