Après un petit peu de retard, la boutique Stella Pardo ouvre enfin sur L'Exception. Stella Pardo, c'est un vrai coup de coeur. Cette créatrice d'origine franco-péruvienne réalise de superbes mailles mêlant le meilleur du style parisien et la tradition du tricot sud-américain. Parfait pour la météo actuelle ! A l'occasion de ce lancement, j'ai voulu revoir Cinthya Guerrero, fondatrice de Stella Pardo, autour d'un café. Un entretien à lire si vous ne savez pas où rencontrer des travestis péruviens à Paris, ou si vous pensez comme moi que Mario Testino est italien.
Bonjour Cinthya, est ce que tu peux me parler de ta marque Stella Pardo ?
J'ai créé la marque Stella Pardo avec ma mère autour de la maille avec des matières 100% naturelles, principalement du baby alpaga et une fabrication traditionnelle au Pérou.
Pourquoi au Pérou ?
J'ai vécu au Pérou jusqu'à mes 10 ans. Ma mère travaillait dans le textile. On s'est ensuite installé à Paris. Lorsque j'ai eu envie de créer ma marque, je me suis tourné naturellement vers mon pays d'origine.
Il y a une tradition de la maille au Pérou...
Si tu regardes, toutes les marques de luxe font leur maille au Pérou: Prada, Isabel Marant, Sonia Rikyel, Oscar de la Renta... Le tricot fait parti de la vie des péruviens. Ils l'ont fait pour eux avant de commencer à le vendre à l'étranger.
Pour Stella Pardo, tu travailles avec des mères tricoteuses.
Oui, au Pérou, les femmes doivent garder leurs enfants à la maison, et pendant ce temps elles font leur tricot. On travaille donc avec des collectivités de mères tricoteuses. De temps en temps, elles se retrouvent dans une maison d'une des mères et elles tricotent ensemble. Il y a une super ambiance et surtout elles ramènent de l'argent à la maison, chose qui ne se faisait pas avant au Pérou. Cela donne aux femmes une certaine émancipation.
Le Pérou reste un pays très macho vis à vis du travail des femmes ?
De moins en moins, on travaille aussi avec des communautés dans les Andes en dehors de Lima. Les hommes qui travaillaient dans les mines ont parfois perdu leur travail et maintenant ce sont les femmes qui nourrissent la famille avec le tricot. Du coup, elles ont gagné plus de liberté.
En tant que péruvien vivant en France, comment êtes vous perçus par ceux restés au pays ?
Il faut savoir une chose des péruviens: on est toujours en train de sourire, on est toujours très positif, c'est vraiment culturel. On essaye de toujours trouver les bonnes choses dans toutes les situations. Donc lorsqu'on arrive au Pérou, les gens sont très contents de travailler avec nous. Il n'y a pas de jalousie, au contraire, ils nous remercient. On s'associe vraiment avec eux sur le long terme, on leur apporte des machines... Donc ils sont contents de travailler avec nous.
Comment fais tu pour t'assurer de la qualité des produits ?
Ma tante qui habite au Pérou visite les communautés et les mères tricoteuses. On leur apprend à respecter une certaine charte de qualité.
C'est vraiment une histoire de famille...
Chez les péruviens, la famille, c'est pas que le père ou la mère, c'est la grand mère, les oncles, les tantes, les cousins... Pour nous, c'est un vrai plaisir de travailler en famille.
Stella Pardo est d'ailleurs le nom de ta grand mère
Oui, c'est un clin d'oeil à ma grand mère. Je dirais que c'est une femme toujours en avance sur son temps. La semaine dernière, elle était sur Youtube. Elle fait sa cueillette avec sa robe à fleur et ses talons compensés. Ma grand mère est une femme extrêmement généreuse et qui nous a toujours appris à penser aux autres. Elle a 9 enfants et tous sont très soudés entre eux.
Revenons à la fille Stella Pardo, qui est elle ?
La fille Stella Pardo est clairement la parisienne. Je n'ai pas de look particulier, la chose la plus importante pour moi est de se sentir bien dans ses habits. On peut être très élégante et sexy en étant confortable.
Un peu comme lorsqu'une fille met une grosse culotte en maille ?
La culotte en maille c'est très sexy avec des chaussettes qui montent, les garçons adorent. Mais pour le coup, c'est pas le plus confortable ;-)
On retrouve aussi une petite touche ethnique.
Oui, il y a toujours un petit détail qui rappellera le Pérou, mais ce n'est pas évident au premier abord. J'essaye toujours d'apporter des petits détails, comme les doublures. Elles sont dans un liberty qu'on fait développer juste pour nous.
Tu parlais du Baby Alpaga, c'est quoi le Baby Alpaga en fait ?
Le baby alpaga, c'est un peu l'équivalent du cachemire. Les mailles sont aussi fines et douces que le cachemire mais la qualité est meilleure. Le cachemire maintenant s'est banalisé, on le retrouve dans tous les supermarchés. Le baby alpaga se travaille différemment et est plus riche.
La perception que j'en ai est qu'il s'agit d'une maille plus volumineuse.
Je pense que c'est juste le style qui fait ça, le baby alpaga tu peux le travailler dans une maille très très fine vraiment comme du cachemire. Si tu prends mon travail ou celui de Warmi que j'adore, on a la même démarche vis à vis du baby alpaga, on cherche la créativité dans le traitement ou dans le travail. C'est le côté Amériquedu sud, on veut apporter quelque chose de nouveau. Le baby alpaga, c'est une maille tellement belle qu'on veut lui apporter du relief.
Quel est ton restaurant péruvien préféré à Paris ?
Vers Lamarck, il y a un petit resto péruvien. Il faut y manger le ceviche et le lomos antadon. Il y a beaucoup de latinos et plein de travestis péruviens.
Je ne connaissais pas le travesti péruvien, il porte du Stella Pardo ?
Il est bien plus sexy, il adore les sequins. Les femmes comme les travestis latinos adorent les décolletés, les mini jupes, tout ce que tu ne retrouves pas chez Stella Pardo. Moi, je préfère le décolleté dans le dos. Je préfère le sensuel au sexy.
Mais le travesti péruvien a aussi droit à sa petite maille, non ?
Tu as raison, je ferai peut être un petit événement dans ce restaurant un jour ;-)
La nourriture, c'est aussi une tradition péruvienne ?
Tu ne sais peut être pas, Lima a été choisi capitale gastronomique de l'Amérique du Sud. Je te dis ça parce que ma deuxième grande passion, c'est la bouffe, non, en fait, c'est bien la première. J'adore ça ! On a une grande tradition culinaire. Tu vois le restaurant Nobu à New York ou Londres. Tout le monde pense que c'est un restaurant japonais alors qu'ils font de la cuisine fusion japonais et péruvien. Personne ne le sait... C'est comme Mario Testino, tout le monde pense qu'il est italien, mais Mario Testino est péruvien ! Il vient de Lima comme moi.
Effectivement, je ne savais pas du tout... Je l'imaginais Milanais ou autre.
Merci Cinthya, je repars plus cultivé !