Avec son titre qui évoque la science-fiction, Le Skylab est pourtant un film très terre-à-terre qui retranscrit une époque et une atmosphère qui sent le mois d’août, les grands-parents gâteau et les querelles familiales. Un sympathique moment de comédie qui ne restera pas très ancré dans nos mémoires, la faute à un sentiment général de futilité et de déjà-vu.
Synopsis : Juillet 1979, pendant les vacances d’été. A l’occasion de l’anniversaire de la grand-mère, oncles, tantes, cousins et cousines sont réunis le temps d’un week-end animé.
Comme dans 2 days in Paris, la réalisatrice n’hésite pas à accumuler les clichés, et comme dans 2 days in Paris, elle trouve beaucoup plus de justesse quand elle décrit, dans des moments furtifs et lumineux, l’intimité des couples. S’il faut reconnaître au film une certaine maestria à montrer l’ébullition familiale, les personnages sont trop nombreux pour que l’on puisse s’attarder sur l’un ou l’autre de manière satisfaisante. Les situations sont le plus souvent des lieux communs du film de groupe de vacances et Le Skylab se transforme rapidement en succession de sketches plus ou moins réussis, plus ou moins drôles, plus ou moins tendres, plus ou moins stéréotypés.
La discussion politique qui tourne mal, le match de foot entre mecs, la boom du village, la descente à la plage et les repas animés sont autant de passages obligés que le film n’arrive pas à renouveler. Certains personnages tirent leur épingle du jeu, comme ceux interprétés par Valérie Bonneton, terriblement drôle en cruche à côté de la plaque, et Denis Ménochet, inquiétant en dur-à-cuire ultra-conservateur au bord de la rupture psychologique. Aure Atika et Sophie Quinton au contraire n’ont ni le temps ni les répliques pour imposer leur présence.
Bien vite on se demande où va le film, et même après la projection, les motivations de Julie Delpy restent assez obscures. Peut-être voulait-elle simplement partager sa nostalgie d’une époque à jamais révolue où nous allions retrouver nos cousins et cousines chez mamie et où nous assistions étonnés (mais habitués) aux discussions absurdes, aux blagues obscures et aux coups de sang incompréhensibles des adultes. Peut-être voulait-elle simplement se rappeler son enfance et nous rappeler la nôtre, un moment de notre vie qui paraissait interminable quand on y était et qui pourtant s’en est allé d’un coup, bien trop vite, avant même qu’on ait pu bien comprendre qu’il ne reviendrait jamais.
La première et la dernière scène du film, en mêlant les générations, soulignent bien cette nostalgie, mais elles mettent surtout l’accent sur le groupe social que constitue une famille. Le Skylab est une description tendre de la famille, le lieu de toutes les disputes et de toutes les réconciliations, le lieu où l’on grandit, où l’on aime, où l’on déteste, où l’on s’amuse et où l’on s’entretue la seconde suivante, le lieu des grandes tragédies et celui des grands pardons. Un microcosme où l’on est ensemble en dépit de tout, même si on a des pensées, des comportements ou des caractères incompatibles.
Peut-être plus que tout, Le Skylab est un hommage de Julie Delpy à sa mère, qui lui a donné le courage et le culot de se battre pour ce qu’elle veut et pour ce qu’elle trouve juste, pour lutter contre les cons, contre la bêtise quotidienne, même quand celle-ci n’a que très peu d’importance et qu’il serait tellement plus facile de fermer sa gueule.
Le Skylab est un peu de tout ça. Ce film était sans doute important pour la réalisatrice. Il manque pourtant d’ambition pour être plus qu’un tableau facile à regarder, facile à oublier.
Note : 4/10
Le Skylab
Un film de Julie Delpy avec Lou Alvarez, Julie Delpy, Eric Elmosnino, Aure Atika, Noémie Lvovsky, Bernadette Lafont, Emmanuelle Riva, Vincent Lacoste, Marc Ruchmann, Sophie Quinton, Valérie Bonneton, Jean-Louis Coulloc’h, Denis Ménochet et Karin Viard
Comédie – France – 1h53 – Sorti le 5 octobre 2011