Ségolène Royale a été défaite à l’issue du premier tour des primaires socialistes. Elle en a pleuré. Les caméras ont retransmis la fontaine d’amertume et d’aucuns s’en sont gargarisés de plaisir.
Bien sûr dans cette rivière lacrymale se mélangent confusément de l’orgueil blessé, de l’amour propre éventré, de l’humiliation ressentie, du dépit. Bien sûr la dame de Poitou a sa part de responsabilité dans la chute qui l’a précipitée.Elle n’a pas su se remettre en question. Se rétractant sur sa position de 2007 elle a cru pouvoir surfer sur une légitimité issue des suffrages de la dernière présidentielle. Son monde s’écroule. N’en riez-pas ! Le monde politique est dur et l’est d’autant plus quand on est femme !
Les larmes ne sont pas feintes pour la défunte. Une petite mort s’installe. Ségolène va traverser un désert ! Ce n’est jamais très agréable ! On y trouve encore des cactus. Aïe, aïe, aïe...
Les larmes sont au cœur de notre humanité.Larme est un refuge ! L’arme est nid dira Aznavour…
Je ne vois pas de calcul dans ces larmes. Larme à gauche : l’arme adroite ? Non ! Larmes tout simplement !
Et Brel, Brel qui chantait : voir un ami pleurer…
Dans les larmes de SégolèneSaigne l’égo déguenilléEt d’indicibles flots de peineAu bord de lambeaux de fierté.
Un goût amer de la défaiteUne tempête courroucéeDont les embruns font la conquêteEn vagues d’animosité.
Dans les sanglots longs de SégoVoguent en silence les débrisD’un long voilier mu d’idéauxMais que tornade aura détruit !
Sous les rigoles humectéesLes cernes appesanties de doutePortent les ombres de traînéesDes pas de soldats en déroute.
N’en riez pas, ne raillez pas La plaie béante d’amour propreEst de celles qu’on ne soigne pasQuand s’éternisera l’opprobre.
Assurez vous parcimonieuxDe vos sarcasmes complaisantsQuelle que fût la dame à vos yeuxLaissez pleurer son cœur d’enfant.
C’est un vernis qui se craquelleImpudemment mais sans détourGrise souillure sur l’aquarelleQui maquillait un autre jour.
Désirs d’avenir en funéraillesPetite mort dure à porterL’astre rosée soudain défailleDans l’indicible obscurité.
Dans les larmes de SégolèneMeuvent en chœur, confusémentFonds de dépit, débris de haineEt phobie de l’écroulement…
N’en riez pas, ne raillez pas Bien sûr sa vaine vanitéL’orgueil ancré dans ses combatsMais, voir une femme pleurer…
Mais voir une femme pleurer…