Montebourg pose dans sa lettre trois questions, aux impétrants. Aux impétrants. Il fallait le faire - prononcer ce mot. Todd pense que Aubry ou Hollande, bien qu'hostiles idéologiquement, seront obligés, contraints de se gauchir et de répondre en actes à ces questions, à défaut d'y répondre en paroles. Je suis sceptique.
Il y en a un autre, l'ami Mélenchon, qui lui a répondu en paroles. En effet, sur ces 3 (4) points, il me semble qu'ils sont sur la même longueur d'onde. Il me semble que l'ami Dupont-Aignan le serait aussi. Que l'ami Chevènement, aussi. Et ça fait beaucoup d'amis. Ajoutons donc l'ennemie Le Pen. De toute façon, nous n'avons pas besoin d'être amis, ni d'être d'accord. Paulo, Paul Ricoeur :
"Est démocratique, une société qui se reconnaît divisée, c’est-à-dire traversée par des contradictions d’intérêt et qui se fixe comme modalité, d’associer à parts égales, chaque citoyen dans l’expression de ces contradictions, l’analyse de ces contradictions et la mise en délibération de ces contradictions, en vue d’arriver à un arbitrage."
Ah oui, Franck Lepage a raison de dire que cette définition de la démocratie, c'est autre chose que : "aller voter". Michéa encore pour la façon que nous avons (pas moi parce que je m'en fous) de désigner les équipes de France : "les Bleus" a remplacé "les Tricolores". Les trois couleurs du drapeau tricolore symbolisait l'unitas multiplex, quelque part (et même ailleurs), les divergences, les contradictions, les conflits qui traversaient la société française pour la constituer. Aujourd'hui que nous appelons notre régime "démocratique", nous n'avons plus qu'une seule et unique couleur (bleu), symbole de la fausse alternance unique que le Spectacle politique nous offre. Un coup PS, un coup UMP. Mais le premier n'est pas socialiste, le second n'est pas populaire, les deux sont oligarchiques.
Alors, se reconnaître divisés. Il faut bien commencer. Se reconnaître, déjà. Liquider cette idée selon laquelle toute personne parlant du peuple serait populiste et démagogue. Les démocrates actuels sont des démocrates sans peuple, ce qui ne manque pas de piquant. Nous existons, en tant que peuple, en tension, mais comme peuple, qui doit se déterminer dans et par l'expression de ces tensions. De là une possible reprise de contrôle démocratique de nos politiques économiques et sociales.
Amis et ennemis de droite et de gauche, et on sait depuis 2005 que ces amis et ennemis sont majoritaires, il est possible de demander tous ensemble une Constituante. Tout le reste, toutes les autres questions, sont secondaires et relatives à ce préalable. Ces amis et ennemis de droite et de gauche semblent avancer chacun dans son appareil vers 2012. Ils pourraient se rassembler pour désigner un candidat inconnu (ou la chèvre Biquette) dont le rôle et unique rôle serait de convoquer une Constituante par tirage au sort et de démissionner immédiatement. Ça semble peu probable. Je vois là la condition à laquelle je pourrais avoir envie de voter en 2012. Sinon, on attendra l'apocalypse.