Zarganar, d'abord. Le plus célèbre. Connu dans tout le pays, et meme au-delà, à la fois pour ses talents d'humoriste et son activisme en faveur de la justice et de la démocratie. Il avait été condamné à 65 ans de prison (ramenés à 35) pour avoir donné à manger à des moines qui manifestaient. Le voici, donc, tout sourire et toujours pret à en découdre au cas où les efforts vers la démocratie du nouveau gouvernement n'iraient pas assez vite!
Shin Gambira, ensuite. Leader incontesté des moines birmans, qui avaient fait trembler le pouvoir, il y a quelques années, en manifestant, pour la première fois, dans les rues, drapés dans leurs robes safran. Il avait été condamné à 68 ans de prison. Il est libre aujourd'hui. Toujours aussi droit et digne.
Gen Sao Hso Ten, à son tour. Un des chefs de l'armée de l'état shan, ethnie en guerre contre le pouvoir central depuis des lustres. Condamné en 2005 à 106 ans de prison. Libre lui aussi.
Viennent encore, parmi d'autres, Su Su Nway, Win Mya Mya, Phyo Phyo Aung, Aung Kyaw Soe et, selon Aung San Suu Kyi, plusieurs dizaines de militantes et militants de son Parti, la Ligue Nationale pour la Démocratie.
Encore un petit effort, Monsieur le Président Thein Sein! Cette amnistie est indéniablement un moment fort et un nouveau geste d'ouverture du Président birman Thein Sein, après de nombreux autres ces dernières semaines.
Il n'en reste pas moins, pour le moment, comme inabouti.
En effet, de nombreux prisonniers d'opinion n'ont pas été libérés. Entre autres les étudiants de Génération 88, auxquels on comprendrait mal pourquoi ils seraient exclus de cette amnistie.
“Pour le moment, le Président Thein Sein s'est montré un peu pingre”, a commenté Zarganar, à son arrivée à Rangoun, en pensant à ceux avec qui il a été incarcéré pendant des années et qui, militants comme lui pour la démocratie, n'ont pourtant pas été amnistiés.
Pour autant, meme si elle est , à juste titre, qualifiée ici et là d'insuffisante, cette amnistie n'en demeure pas moins un évènement exceptionnel et symbolique.
Car le Président birman vient d'entrouvrir une porte qu'il ne pourra désormais plus refermer!
La Démocratie a le vent en poupe en Birmanie et elle souffle de plus en plus fort!
Le peuple birman a suffisamment souffert. Il aspire maintenant à la paix, la justice et le renouveau économique.
Pierre MARTIAL - Ecrivain-journaliste
Président de France Aung San Suu Kyi
Aung San Suu Kyi, site français d'information et de soutien à Aung San Suu Kyi et à la Birmanie / Myanmar