Homeland: 1.02 Grace
Ce récit, justement, se concentre beaucoup sur le retour au quotidien du soldat Brody dans ce deuxième épisode. On aurait pu trouver ça ennuyeux mais avec la surveillance de Carrie sur sa
demeure, on se met aussi à traquer le moindre détail suspect. Ce qui vient alors à attirer l'attention, c'est la sorte de crise post-traumatique que traverse Brody. Cette situation est très bien
exploitée pour servir l'impression de doute qui entoure l'intrigue. D'un côté, cela paraît être une réaction tout à fait naturelle à une dure expérience, de l'autre, avec le regard de Carrie, on
le voit comme une manifestation de sa culpabilité d'avoir rejoint l'ennemi. Même idée avec le rapport aux médias. Brody les rejettent d'abord avant d'accepter de les rencontrer. Là encore deux
interprétations possibles. Ou il essaye de s'ouvrir pour évacuer sa douleur. Ou c'est un moyen d'à nouveau entrer en contact avec les terroristes. Mais finalement, le seul détail réellement
troublant dans le comportement du personnage, c'est son apparente conversion à l'Islam et là, il y a une éventuelle preuve de sa trahison. Cependant, Brody pratiquant la prière dans le seul
endroit non surveillé par Carrie, celle-ci n'a toujours pas de quoi confirmer sa théorie. De là, une première frustration dans l'intrigue qui suscite toute notre méfiance à l'égard du soldat. Au
bout du compte, dans tous les cas, les série fait un excellent travail pour semer les indices tout en brouillant les pistes. L'interprétation parfaitement ambiguë contribue également beaucoup à
cela.
A côté de ça, un des contacts de Carrie réussit à établir un contact visuel sur territoire américain avec le fameux Abu Nazir, chef terroriste traqué par la CIA que Brody aurait possiblement rejoint. La découverte ne manque pas d'effrayer le contact qui menace même d'abandonner sa mission. De cette façon, une menace se concrétise autour des protagonistes et vient légitimer les craintes de Carrie quant à une attaque.
Le seul véritable regret de ce deuxième épisode, c'est le personnage du mentor de Carrie, Saul. Plutôt discret jusque-là, mais malgré tout très bien campé par Mandy Pantinkin, il s'avère toutefois un poil gênant. Il vient un peu trop faciliter la vie de Carrie et l'idée qu'il vienne légaliser les opérations de sa protégée me plaît moyennement. C'est justement l'illégalité des investigations qui faisait leur sel. Sinon, à la limite, l'aspect politique qu'introduit Saul peut être intéressant mais il faudrait qu'il ait un impact un peu moins favorable à Carrie pour bousculer un peu l'intrigue.
En conclusion, Homeland est toujours aussi prenante. La série tire très bien profit de l'ambivalence de son intrigue pour maintenir une
vraie atmosphère de paranoïa. Et si ce n'est pas suffisant pour le spectateur pour être captivé, on crée aussi du mouvement autour de l'intrigue entre l'arrivée du mystérieux Abu Nazir et
l'entrée en scène de la famille de Carrie. A un moment ou un autre, la série parvient donc bien à avoir toute notre attention.