Ceux qui me lisent régulièrement le savent, dimanche dernier j'ai voté, et j'ai voté Montebourg. Certes la faconde du personnage, son humour, sa prestance me plaisent beaucoup, mais mon choix s'est avant tout fait sur des idées et une cohérence.
Après avoir longtemps hésité à y aller, je me suis décidé pour Arnaud Montebourg, d'abord parce qu'il était le seul candidat à avoir voté non au référendum de 2005 et non au traité de Lisbonne. Choix que je partage évidemment. Mais aussi et surtout parce qu'il était le seul à faire de la politique, à vouloir imposer des règles claires et contraignantes à la finance et aux marchés (Ségolène Royal aussi dans une moindre mesure). En cela, il est proche du Front de gauche et de Jean-Luc Mélenchon. Parce que je défends avant tout des idées, il a eu mon vote, même si en 2012, a priori je ne voterai pas socialiste.
Mais au second tour, je resterai à la maison. Pourquoi me déplacerai-je d'ailleurs ? Martine Aubry et François Hollande défendent tous les deux, avec des nuances aux marges certes mais de façon négligeable, le même programme. Tous les deux sont des socio-démocrates qui ont renoncé à transformer en profondeur la société et qui n'ont plus comme objectif que de panser les plaies les plus visibles des dégâts du libéralisme économique. Ce n'est pas un projet d'avenir, à peine un programme électoral.
Je ne me reconnais donc pas dans leur projet politique, mais bien au-delà, j'aurai éventuellement pu me déplacer pour soutenir le projet le plus à gauche, mais j'ai un problème pour situer réellement ces deux personnalités.
Martine Aubry ne cesse de se targuer de prôner une gauche dure face à Nicolas Sarkozy. Mais de quelle Martine Aubry parle-t-on ? Celle qui est soutenue par Benoit Hamon ou Henri Emmanuelli (en gros la gauche du PS), ou bien celle qui signe des pactes avec DSK, le symbole de lérive libérale de la gauche ? Celle qui fait la chasse aux voix d'Arnaud Montebourg ou celle qui dirige la ville de Lille avec les élus du MODEM ? Tout cela est bien flou et ressemble à s'y méprendre à un fourre-tout électoral. De même, Mme Aubry ne peut se revendiquer du changement qu'elle prétend incarner, puisqu'elle est soutenue par tous les apparatchiks du PS, ceux-là mêmes qui au pouvoir ont abandonné les classes populaires au nom du réalisme économique et politique.
Mais ce n'est pas franchement mieux du côté de François Hollande. Quel est le programme réel de ce candidat ? Qui peut dire à l'heure actuelle quelle est sa position sur les retraites, sur le nucléaire, sur Hadopi ? Personne ne le peut, car François Hollande navigue au gré du vent en fonction de ses interlocuteurs. Toute sa vie politique, comme le prouve son passage à la tête du PS, est marquée par la recherche permanente du consensus. Cela peut être bien dans un pays sûr de lui et de ses valeurs, un pays en pleine confiance. Ce n'est pas la cas de la France aujourd'hui. En 2012, nous aurons besoin d'un président qui fasse de la politique (à gauche si possible), qui fasse des choix clairs et assumés. Je ne pense pas que François Hollande soit cet homme.
Bref, des programmes incomplets et insatisfaisants, des candidats aux profils politiques indéfinis, ma décision est sans appel : dimanche, je rammasse les feuilles dans mon jardin.