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"Pour moi l’enjeu principal, c'est de gagner en 2012, de faire gagner la France."

Publié le 12 octobre 2011 par Letombe

François Hollande s'est exprimé sur TF1 mardi 11 octobre. Il a rappelé: "J'entends, et c’est mon devoir de rassembler.(...) Je fais en sorte que la gauche gagne. Mon seul adversaire, il n’est pas dans la primaire, c'est Nicolas Sarkozy."

Laurence Ferrari : Notre invité ce soir est François Hollande, bonsoir. Vous avez fait 39,2% des voix ce dimanche, vous avez été surpris par ces résultats ? Ils ont été plus serrés que ce que vous espériez?

François Hollande : D’abord c’est un beau succès cette primaire, vous vous rendez compte ? Deux millions sept cent mille voix. Envie de participer. Envie de choisir le prochain candidat qui sera, je l’espère, le prochain président. Et puis mon résultat, oui, je l’ai apprécié, à sa juste valeur, près de 40%.

Laurence Ferrari : Vous ne pensiez pas faire plus ?

François Hollande : On pense toujours faire plus, mais enfin arriver en tête faire 40 %, Martine Aubry la seconde à plus de 9%, écoutez franchement on m’aurait demandé de signer j’aurais apposé mon paraphe. Mais il y a un second tour, il faut le respecter. Il y a une campagne à faire, jusqu’au bout parce que c’est un choix très important que vont faire tous ceux qui participeront dimanche à cette primaire renouvelée.

Laurence Ferrari : Justement comment est-ce que vous allez séduire les électeurs d'Arnaud Montebourg et de Ségolène Royal qui n'ont pas encore fait leur choix?

François Hollande : D’abord il y a eu des messages qui ont été adressés à travers les autres candidatures : celle d’Arnaud Montebourg protection contre la mondialisation, renouvellement de la politique, nouveau visage, moralisation de la république. Eh bien j'entends et c’est mon devoir de rassembler. Déjà sont venus autour de moi Manuel Vals et Jean-Michel Baylet qui étaient candidats à la Primaire. Et bien je répondrai à la lettre d’Arnaud Montebourg, sans rien perdre de la cohérence de mon projet. Quant à Ségolène Royal …

Laurence Ferrari : Sur la démondialisation vous allez la reprendre à votre propre compte ?

François Hollande : Pas sous cette forme, mais sur le fait que les Français, ceux qui souffrent, demandent à être protégés contre les excès de la mondialisation, je suis allé voire les salariés d’Arcelor-Mittal à qui Nicolas Sarkozy avait fait des promesses qui n’ont pas été tenues. Ils demandent à être représentés au niveau européen pour qu’on puisse faire valoir de nouveaux projets industriels et qu’on évite une concurrence déloyale. J’évoquais aussi les thèmes de Ségolène Royal que sont le contrôle des banques, les licenciements boursiers. J’ai aussi ce devoir-là de faire en sorte que ces préoccupations se retrouvent dans la démarche qui doit être la mienne.

Laurence Ferrari : Vous êtes favorables à la 6ème république par exemple, c’est un des points d’Arnaud Montebourg ?

François Hollande : Mais moi je ne prends pas les slogans, je les respecte. C’est là-dessus qu’il a fait campagne. Mais sur le renouvellement de la République, bien sûr. Sur le statut du chef de l’état vous trouvez que c’est normal que le chef de l’Etat puisse être irresponsable ? Pas moi. Je ne trouve pas normal que le chef de l’Etat puisse décider de tout, sur tout, partout. Et bien il va falloir corriger ça.

Si je suis le prochain candidat et prochain Président de la République, j’aurais à cœur de changer le statut pénal du chef de l’Etat, de rendre indépendante la magistrature, on ne peut pas avoir des pressions sur les magistrats comme on en connaît aujourd’hui, notamment sur les magistrats du parquet, ceux qui diligentent les enquêtes. Puis j’aurai à cœur de faire la réforme du cumul des mandats, puisque c’est aussi un élément de renouvellement. J’ai entendu tous ces messages.

Laurence Ferrari : Cela vous a été reproché ?

François Hollande : J’avais accepté le projet du PS sur ce sujet, donc une des premières lois que le nouveau parlement votera ce sera de limiter le cumul des mandats, de faire le mandat unique pour les parlementaires.

Laurence Ferrari : Arnaud Montebourg est un drôle d'allié, il vous a qualifié d'impétrants, vous et Martine Aubry. Il dit que vous êtes les 2 faces d’une même pièce. Vous avez eu du mépris et de la condescendance pour lui comme il le sous-entend ?

François Hollande : Non, pas de mon point de vue, jamais de condescendance, jamais d’irrespect parce que je sais qu’il va falloir rassembler. Vous voyez ma responsabilité, je fais 40 %, j’ai vocation à être, là, dans quelques jours le candidat du Parti Socialiste à travers les primaires, plus de 2,7 millions de personnes qui vont peut-être encore voter, mon rôle c’est de rassembler. J’ai commencé à le faire et je ne fermerai aucune porte, tout en restant sur une constance, sur une cohérence, sur la ligne que j’ai présentée, celle de la crédibilité, parce que s’il n’y a pas la crédibilité ce n’est pas possible.

Laurence Ferrari : Ca veut dire que Martine Aubry ne l’est pas, crédible ?

François Hollande : Moi je parle de moi, je ne suis pas un commentateur des autres, je ne fais pas de petites phrases sur les uns sur les autres qui peuvent blesser.

Laurence Ferrari : Elles vous ont blessés ces phrases?

François Hollande : Moi rien ne m’atteint mais en même temps les primaires c’est fait pour faire gagner la gauche, pas pour la diviser/ et gauche molle / gauche dure, c’est d’abord une gauche sincère qui doit se présenter, une gauche solide, et une gauche qui doit permettre le succès, qui doit gagner.

Moi c’est ce que je fais, je fais en sorte que la gauche gagne. Et mon seul adversaire, il n’est pas dans la primaire, il est Nicolas Sarkozy. Et je pense qu’il est en campagne, vous l’avez remarqué, il était en mouvement là, faut pas croire que ça va être facile, faut pas croire que pour le candidat de la gauche ce sera une partie de plaisir, ou si je puis dire une partie de campagne. Il va falloir montrer qu’on peut relever la France, avoir la crédibilité et puis lever une espérance par rapport à toutes ces souffrances qui existent dans notre pays.

Laurence Ferrari : «Rien ne m’atteint, vous venez de dire, ça me surprend un peu, quand Martine Aubry vous qualifie de gauche molle, quand elle dit que vous avez changé d’avis, sur l’Education nationale, sur Hadopi, sur la règle d’or, ça doit bien vous atteindre ?

François Hollande : Non, moi je réponds sur les petites attaques. Je vous l’ai dit : la gauche, on ne lui demande pas d’être dure, on a suffisamment souffert de la brutalité de Nicolas Sarkozy . On ne lui demande pas d’être molle, il va falloir être ferme par rapport à la crise qui est là, et par rapport à l’exigence de justice et de solidarité. On lui demande d’être solide, sincère, et en même temps qu’elle réussisse. Parce que si on ne réussit pas le changement, qu’est-ce qui va se passer ? On doit, et je dois, et je le ferai, faire en sorte que la gauche soit au rendez-vous de 2012. C’est ma responsabilité, c’est mon devoir. Et c’est la responsabilité que je me suis fixée, depuis des mois. Moi je suis en campagne depuis des mois, je n’ai pas changé d’avis. J’ai fait en sorte d’être engagé sur ce chemin-là, de ne pas me laisser détourner. Et je ne me laisserai pas plus détourner pas des évènements, ou par des petites phrases. J’ai le devoir de rassembler, et de gagner.

Laurence Ferrari : On a pourtant l’impression que le ton monte entre vous et Martine Aubry, comment est-ce que vous ferez l’union après le second tour de cette primaire ?

François Hollande : C’est pourquoi je ne me livre, pour ce qui me concerne, à aucune phrase qui puisse être utilisée demain par notre adversaire, parce qu’il le fera. Et dans une certaine mesure, ce sera son droit. Et donc ne rien dire, ne rien faire qui puisse abîmer la gauche. On a réussi une belle primaire, il faut aller jusqu’au bout, et faire que le candidat qui sortira vainqueur de cette primaire, il ait une victoire large. Et je demande qu’elle soit la plus large possible, parce qu’il va falloir après rassembler et convaincre. Et si le résultat est étriqué, je pense que ce sera une difficulté supplémentaire.

Laurence Ferrari : Mais ça ne vous donnerait pas la dynamique nécessaire si vous êtes désigné, pour la campagne présidentielle ?

François Hollande : Il faut la dynamique. Il faut la dynamique et cette primaire elle doit servir à ça. Si il y a plus de deux millions et demi de personnes qui se mobilisent encore dimanche, qu’il y a une victoire claire, nette - et je fais tous les efforts pour cela – aussi bien à l’égard de ceux qui n’ont pas été qualifiés pour le second tour, Arnaud Montebourg, Ségolène Royal, Manuel Valls et Jean-Michel Baylet qui sont déjà avec moi. Et moi pour Arnaud Montebourg comme pour Ségolène Royal , j’ai du respect, ce sont des personnalités politiques qui comptent, et je fais en sorte aussi vis-à-vis de Martine Aubry de ne rien faire qui puisse être finalement une forme de désunion. Parce qu’après il faut construire ensemble, il faut travailler ensemble, c’est pour moi l’enjeu principal. Je veux gagner en 2012 et faire gagner la France.

François Hollande


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