Le Fauve d’Or d’Angoulême 2011, vient enfin de me passer entre les mains.
C’est l’histoire de deux personnages, un homme Piero et une femme Lucia. Ils se rencontrent alors qu’ils ne sont encore qu’adolescents, et rapidement une idylle grandit entre eux. Mais les hasards de la vie et les tribulations de l’amour les éloignent. Lucia décide de rompre, espérant ainsi que Piero pourra voler de ses propres ailes et accomplir de grandes choses. Lucia part en Norvège et rencontre celui qui deviendra le père de son fils. Piero fait ses études et rejoint l’Égypte où il exerce son métier d’archéologue. Lucia suit de loin les aventures de Piero, puis prenant le cafard en Norvège choisit de revenir vivre en Italie. Entretemps Piero a rencontré quelqu'un et fondé une famille, tout en ne réussissant pas à oublier Lucia qui hante encore ses rêves. Ils se retrouvent quelques années plus tard et évoquent leurs vies.
Un ouvrage admirablement bien dessiné à l’aquarelle par Manuele Fior où le traitement des couleurs joue un rôle fondamental. Chaque période de la vie, chaque région a une caractéristique narrative et colorée qui la définit. Les rêves de Piero ont aussi un traitement particulier ou se devine de multiples références dont Giorgio De Chirico. Le traitement des annonces de chapitres est aussi remarquable : une goutte d’eau pour le premier et ainsi de suite jusqu’au quatrième chapitre, le cinquième est lui annoncé par un déluge de pluie, il s’agit de la rencontre de Lucia et de Piero alors qu’ils sont maintenant installés dans leur vie. La vie tourbillonnante, les a unis puis éloignés, les rapprochera-t-elle à nouveau ?
Réflexion sur les rencontres et les choix de vies qui peuvent avoir des conséquences irréversibles sur les émotions et les sentiments qui assaillent chacun d’entre nous. L’amour ne se satisfait pas beaucoup des décisions raisonnables. Amour et raison ne font décidément pas bon ménage, et pourtant c’est souvent la raison qui l’emporte sur la passion. La passion reste un objet bien trop fragile et tellement déstabilisant que la peur qu’elle inspire résiste rarement au sentiment de quiétude que le raisonnable instaure entre les êtres. La passion seraient-elle si proche de l’état de guerre ?
Voici encore un ouvrage anodin mais qui ouvre les portes de la réflexion et de l’intelligence.