Exploit keynésien historique

Publié le 12 octobre 2011 par Copeau @Contrepoints

La Grèce est le premier pays à battre le record de chute boursière de la crise de 1929.

Par Loïc Abadie
Article publié sur ObjectifEco le 09.10.2011

Je tenais à écrire ce petit article pour saluer un exploit historique réalisé il y a une semaine par les économistes et dirigeants keynésiens qui pilotent nos économies depuis plusieurs décennies.

Après plusieurs décennies d’effort intense pour relancer sans cesse la consommation par la dette, grâce à de brillantes politiques monétaires et aux savants calculs associés, grâce à de toutes aussi brillantes manipulations de taux d’intérêt pour entraîner les ménages à s’endetter au maximum, et même au delà, et grâce enfin à un dopage très pointu de l’économie basé sur des déficits publics de plus en plus insoutenables, nos entraîneurs keynésiens ont réussi la semaine dernière à faire tomber un record qui datait de plus de 79 ans.

La monnaie unique européenne et l’interdiction faite aux États de mener une politique monétaire indépendante et adaptée à leur environnement économique a aussi apporté une contribution essentielle à cette réalisation, tout comme les idéaux de mai-68 (« inutile de produire, profitons de l’instant présent, c’est la consommation à crédit qui crée la richesse »).

Saluons enfin le rôle de conseil essentiel de certains prix Nobel d’économie dans la genèse de ce record, je pense en particulier au grand spécialiste de la fuite en avant dans la dette et de la planche à billets qu’est Paul Krugman.

Voici donc ce nouveau record :

Entre le 3/9/1929 et le 8/7/1932, à l’occasion de la grande crise économique des années 30, le Dow jones passait d’un sommet à 386 points à un point bas à 40,56. Soit une baisse de 89,5%, qui constituait jusqu’ici la référence historique en matière de krach boursier.

Entre le 7 novembre 2007 et le 4 octobre 2011, l’indice de la bourse Grecque Athex 20 est passé d’un sommet de 2856,78 points à un point bas de 288,96, soit une baisse de 89,9%.

La Grèce est donc le premier pays à battre le record de baisse de la crise de 1929. Et nul doute que grâce à la poursuite des efforts de la « troika européenne », qui continue de perfuser ce pauvre pays devenu insolvable, et maintient sa stratégie de fuite en avant dans la dette, tout en l’étranglant dans le même temps par une monnaie trop forte et inadaptée à sa situation économique, ce record de baisse sera de nouveau battu.

Si nous continuons sur la lancée actuelle, au lieu d’utiliser des politiques de mise en faillite ordonnée pour toute institution insolvable (voir cet intéressant article de Vincent Bénard à ce sujet), d’autres pays, de plus en plus nombreux, ne manqueront pas de rejoindre le club très fermé de ceux qui ont réussi à battre le record de chute boursière de la crise de 1929.

Malheureusement pour les populations concernées, il ne s’agit pas seulement d’un record de chute boursière. Ce genre de « records » est toujours associé à d’autres records qui frappent directement les ménages : taux de chômage, perte de pouvoir d’achat, destruction de l’épargne.

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