DJ Quik
The Book of David
Mad Science
États-Unis
Note : 8.5/10
par Charles Boutaud
Suite à un échange de propos «animés» avec sa sœur en 2006, David Blake, alias DJ Quik, se retrouve en prison. Il commence alors à écrire une rétrospective de sa vie. Cinq ans plus tard, les mots ont quitté le papier pour venir se poser sur 17 instrumentales, un album, The Book of David.
Le producteur/rapper de Compton nous livre la synthèse de vingt ans de carrière en un album finement réalisé, où les «vrai» instruments, pianos et guitares viennent passer l’anneau au doigt des MPCs et synthétiseurs granulaires, dans un heureux mariage et avant que l’auditeur puisse dire : «oui, je le veux», il a le souffle coupé par la variété des sonorités qu’on nous offre et par la versatilité de l’artiste.
C’est ainsi qu’on passe du piano soyeux de Real Women à la collection de sons étranges qui trouvent finalement tous leurs places pour créer la sonorité étonnement cohérente de Poppin’. Quik connaît les recettes ce qui ne l’empêche pas de retravailler l’assaisonnement pour nous offrir des pièces créatives et atypiques, il suffit d’écouter Hydromatic, un des petits trésors de l’album, pour s’en convaincre, les ingrédients sont connus un sample vocal, un battement des mains et un piano incisif mais l’agencement qu’en fait Quik est rafraichissant.
Parmi les autres temps fort de l’album on notera Ghetto Rendez-Vous où il règle en toute sincérité ses comptes avec sa sœur, la langue est acérée, les propos tranchant («I hate you so much it just shows/ I hate you more than Michael hated Joe»), ou encore So Compton et son hip-hop/funk qui nous transporte à l’époque dorée du début des années 90, lorsque Compton était la capital du rap, avant l’explosion new-yorkaise du genre.
On passe de la rue (Killer Dope), aux pistes de danse (Boogie Till you Conk Out) à la chambre à coucher (Time Stands Still), sans maugréer, on laisse Quik nous guider dans son univers musical soigné. Avec 17 chansons on aurait toutefois, peut-être, pu laisser de côté une ou deux chansons (Do Today / Across The Map) qui ne tiennent pas leur bout face au reste de l’album.