Les frères Larrieu, Arnaud et Jean-Marie, font partie d'une génération de cinéastes discrète et prometteuse. Avec Yves Caumon (La Beauté du Monde, Amour d'Enfance et bientôt Cache Cache présenté à Cannes), Philippe Ramos (L'Arche de Noé, Adieu Pays), Alain Guiraudie ( Pas de Repos Pour les Braves et bientôt Voici Venu le Temps) ils partagent le goût pour un cinéma artisanal, nourri de leurs origines régionales (les pyrénées, l'aveyron, le sud ouest). Un cinéma du récit et des personnages ou ceux-ci s'inscrivent résolument au sein de la nature et du temps. Une manière de retour au classicisme, entre Renoir, Pagnol et, bien sûr, Ford.
Ceci n'empêche pas les audaces formelles, comme les passages chantés dans le premier film des frères Larrieu, Un Homme, Un Vrai ou ce passage dans le noir absolu dans Peindre ou Faire L'Amour qui vient de sortir (ce qui rappelle de façon amusante les audaces de Gosciny et Uderzo dans La Grande Traversée !). Cela n'empêche pas d'éclater le récit comme Guiraudie avec ses ellipses temporelles radicales. Cela n'empêche pas les références ouvertes au western dans le premier long métrage de Ramos.
Tous ont aussi commençé par le court métrage ambitieux, Un peu moins d'une heure pour La Beauté du Monde, L'Arche de Noé ou encore La Brèche de Roland des deux frères. Une façon encore de prendre son temps, un temps cinématographique, pour y faire exister la matière de leurs films.
Selon l'expression consacrée, j'aime beaucoup ce qu'ils font. J'aime l'attention qu'ils portent à leurs personnages et leur volonté d'en dégager l'humanité. Ca repose des rebelles sans cause, des cadres quarantenaires dépressifs et autres sujets d'études sociologiques. J'aime leurs paysages d'une France encore un peu sauvage, leurs images où l'on respire l'air de la fôret, le vent dans les noyers, les petites routes de campagne, les villages. Ca repose de l'urbain. J'aime aussi leur attention portée aux objets, aux textures et aux ambiances. Ainsi, Yves Caumon n'a pas son pareil pour filmer les papiers peints. Ca n'a l'air de rien, mais le sens du détail qui sonne juste, c'est déjà une grand qualité pour un cinéaste.
Tout ça pour vous parler de Peindre Ou Faire L'Amour que je n'ai pas trouvé aussi réussi que Un Homme, Un Vrai. Malgré la distribution trois étoiles, malgré ce couple intéressant qui m' a rappelé les échanges avec Ludovic Maubreuil, malgré un sens toujours présent de la nature, malgré la chanson de Brel. Le film a des côtés trop "fabriqué", le décor parfois, l'intrigue trop souvent. Peut être est-ce que cela vient de ce faux suspense qui ne nous amène nulle part. Suspense entretenu involontairement par ce que Sergi Lopez amène d'Harry, cet ami qui nous voulait du bien. Le sujet c'était le couple, rien que lui, comme dans le film précédent. Tout le reste est plaqué et ne fonctionne pas bien. Il reste de beaux moments. En attendant les prochains films.
Le DVD