La nuit n’est plus désormais qu’un souffle. Bientôt elle se dissipera. Il ne restera que ses ébréchures.
Plus tard, elle rattrapera le jour, l’enveloppera dans sa gaine, l’enserrera jusqu'à ce qu’il suffoque, jusqu'à ce qu’il meure.
Ainsi est la nuit, tendre dans ses derniers sursauts et charnelle quand elle se dévoile.
Elle aime les premiers visages de l’aube, le monde interrompu, l’intermède silencieux avant la clameur des foules, le sommeil paisible des femmes et des enfants. Elle se sait alors titulaire d’un pouvoir, celui de dompter le temps, de l’étendre à l’infini, de le contraindre à durer.
Tout a l’heure elle endossera son corps et toutes ses responsabilités mais pas maintenant.
Un premier rayon de soleil révèle la silhouette d’un arbre.
De la brume, longtemps assoupie, fugue vers l’horizon.
Elle aime cette paix, si seulement elle pouvait durer, si seulement elle pouvait empêcher l’attirail des pensées de l’assaillir une fois de plus, tout ce qu’elle doit faire et ne pas faire, toujours agir, ne pas baisser les bras, être forte, être à la hauteur de ses attentes, des attentes des autres, gérer son passé et ses échecs, gérer un présent conflictuel, gérer des lendemains gris, elle est double, triple, tout et rien en même temps, son esprit un véritable fourre tout ou se mêlent trop de choses. Si seulement elle pouvait l’apaiser, renouer avec la quiétude de l’aube, si seulement elle pouvait être calme, limpide.
Il lui reste dix minutes au plus.
Elle ouvre ses bras et tente d’étreindre le ciel, elle sait ce geste dérisoire mais elle les ouvre très grands, elle veut l’emprisonner sous sa peau, qu’il soit cette lumière qui l’accompagne et allège ses pas.
Umar Timol