Le théâtre Michel propose à 19 heures la reprise de "Masques et Nez", spectacle d'improvisation donné par la Compagnie des Sans Cou qui poursuit plus qu'honorablement son chemin puisqu'il arrive à sa 150ème représentation. Et jamais deux fois la même !
Le jeune comédien et metteur en scène Igor Mendjisky, dont nous avions vu le "Hamlet" la saison passée au Mouffetard, devient chaque soir le professeur d'art dramatique de cinq "élèves" qu' il a créés et façonnés avec leurs interprètes à partir d'un travail sur le masque et le clown. Une petite quinzaine d'acteurs donnent vie en alternance à autant de personnages, du chauffeur de taxi au professeur de français, en passant par un jeune de banlieue ou une danseuse classique. Ainsi, c'est à un véritable cours de théâtre pour amateurs donné à de vrais-faux élèves que le spectateur est convié. Car jusqu'à ce que le rideau se lève (ou presque) le prof ignore tout des textes préparés par ses "étudiants", quand ceux-ci ne savent rien des exercices qui leur seront imposés.
Intéressante, originale, et séduisante proposition.
Commençons par applaudir de jolies créations de personnages (pour ceux qu'il m'a été permis de découvrir hier soir en tout cas), à la touchante sensibilité, d'une très belle humanité et d'une immense réceptivité. Chacun évolue en harmonie et dans une interaction parfaite avec ses partenaires. Saluons également leur courage, mais surtout leur talent, indispensables pour monter dans une barque aussi fragile. De fait, en improvisation, on n'est jamais sûr de rien et la mise en danger est constante.
Poursuivons avec les réserves...
La première, et la principale, réside dans le principe même du spectacle d'improvisation. Préparé au mieux, il n'en demeure pas moins que pour avoir droit à quelques morceaux de choix, le public se voit contraint de prendre aussi les restes... Combien de moments simplement gentillets ou sympathiques pour ces trop rares instants de véritable émotion, de rire ou de poésie durant lesquels la magie du théâtre opère enfin totalement ? Alors qu'un "best of" de ces 150 représentations constituerait sans aucun doute un spectacle remarquable, on ne peut que se contenter de poser un regard bienveillant sur ce qui nous est donné à voir sans pouvoir jamais s'enthousiasmer vraiment. On le regrette.
La seconde réserve sera plus personnelle. Si le "folklore" des cours de théâtre, amateurs ou professionnels, a de quoi séduire ou amuser les néophytes, il est certain qu'il lassera plus rapidement, parce que trop didactique, ceux qui les ont fréquentés. L'exercice de la "statue", de la "bouteille" ou encore des "animaux", le travail d'écoute, de concentration, de diction et autres joyeusetés respiratoires n'ayant plus grand secret pour eux. Je fais malheureusement partie de cette seconde catégorie de spectateurs.
De véritables talents sont cependant à découvrir, maîtrisant avec habileté et finesse l'art du masque ou du clown, appris au Cons.
Manque un texte solide, ou un canevas plus poussé.