Détournement des codes et mise en scène de la violence : voilà ce qui semble bien être l’essence même du cinéma de Nicolas Winding Refn, réalisateur danois surdoué. Découvrir sa filmo, c’est accepter de voir de la série B sublimée, transcendée par un romantisme impromptu (Drive), de trouver une apologie de la nature au cœur de massacres vikings (Valhalla Rising), …d’admirer, ici, le glissement progressif d’un simple biopic carcéral en géante réflexion sur la libération du soi artistique. Avec Michael Peterson (Tom Hardy, incroyable), Refn trouve un nouvel anti héros, muré dans la revendication gratuite, poing levés pour (seulement) cogner, et proclamé détenu le plus violent d’Angleterre avec ses 34 années de prison, dont 30 passées en isolement. Plus qu’un prisonnier, un acteur. Un rebelle sans autre finalité que la violence comme spectacle, show vide de sens (comme tous les films de NWR) mais plein d’idées, entre farce et uppercut.
Bronson bascule du film de prison attendu à une vraie (re)mise en question de la notion de création- du mythe en particulier, avec cet emprunt patronymique à une célèbre figure américaine et cette obsession des médias ; du processus artistique en général, avec ces planches en exutoire, et, la reconstitution finale, et en chair, d’un tableau de Magritte comme extension du soi. Surprenant. Fou. Ambitieux. Avec suffisamment d’humour pour prendre de la distance avec la vacuité du propos, le cinéaste fait preuve d'une virtuosité stimulante lorsqu’il faut exprimer l’émotion avec le corps. Ici, une rage, une dinguerie, une colère, qui passe par des corps que l’on fracasse, abîme, sculpte et qui a tout, sur fond de musique classique grandiloquente, de l’hommage kubrickien assumé.
Dispo en DVD.