Ils qualifient leur spectacle de « magie nouvelle ». Cela évoque manipulation, trucages, avec des moyens modernes. On y va pour ça, bien sûr, disposé à être émerveillé et, tout à la fois, curieux de nouveaux procédés. Et le spectacle n’est pas tout à fait ce qu’on avait imaginé.
Ce sont les mots qu’on entend qui nous emmènent ailleurs, dans une sorte d’apesanteur où les objets et les corps tombent lentement, trop lentement, semblent se désarticuler parce qu’ils perdent leur centre de gravité. La gravité est dans la bande son, qui parle de disparition : « Où vais-je quand je disparais ? » Et nous cherchons cet autre espace où vivent peut-être les disparus, où les étoiles font et défont les constellations, où une ombre glisse, furtive, sur la nuit, où une autre ombre devient blanche et se détache du mur. Et il y a ce dédoublement, cette multiplication de la danseuse : ses avatars la soustraient à notre vue. Je n’en crois pas mes yeux. J’en oublie les techniques, j’entends les voix qui disent : « Il y a un homme invisible, qui n’existe pas, sur mon lit. » C’est peut-être moi.
J'ai vu ce spectacle au Théâtre Romain Rolland, à Villejuif (94)