La course à obstacle du premier ministre nouvellement désigné ne semble pas terminée. Après une ratification technique la semaine dernière, le premier ministre devait présenter sa politique générale sur laquelle les deux chambres doivent se positionner. Dans la politique générale, il y a les orientations du premier ministre et un cabinet ministériel. Les deux volets sont sur la table des négociations. Les demandes concernant les orientations concernent tout ce que vous pouvez imaginez, du départ de la Minustah, à la réforme de l’université d’État en passant pas la construction d’une route entre mon village et celui du voisin. Les députés et sénateurs ont concocté une liste d’épicerie tellement grande que même Costco plierait bagages … Intégrer toutes ces demandes dans un énoncé de politique impose un texte d’au moins 3000 pages, ou des généralités tellement grandes et inclusives qu’on ne dit rien de très concrets. L’autre volet concerne le choix des ministres. Les négociations qui avaient eu lieu avant le vote technique ne semblent plus tenir, 5 sièges seraient de nouveau sur la table de poker. À ces deux volets, s’ajoute un troisième problème ; certains sénateurs veulent reprendre le vote technique parce qu’il semble que certaines pièces sont évaluées aujourd’hui non conformes. Conille aurait fait un long séjour au Canada qui n’apparait pas dans son passeport haïtien, ce qui impliquerait qu’il voyage aussi avec un deuxième passeport et qu’à cet effet, il n’est pas un citoyen haïtien (Ayiti ne reconnaît pas la double citoyenneté). Ces petits contretemps imposent au premier ministre de reporter sa présentation attendue pour lundi dans un premier temps, remise à mardi et maintenant à jeudi. Cetout est cynique au cube : « En fait, à partir du moment où tu distribues des petites enveloppes brunes pour faire passer la première étape à ton premier ministre, tu dois comprendre assez vite que l’enveloppe se devra d’être plus charnue pour la deuxième étape. Si tu ne saisis pas cette réalité politique haïtienne, tu ne comprendras jamais rien. » Je lui ai demandé à qui il faisait référence dans cette dernière phrase et il m’a simplement répondu : « À ceux qui l’ont placé dans cette galère, la communauté internationale. En fait, ils n’ont jamais rien compris …»