Civil civic – rules

Pour la énième fois, les Civil Civic débarquent sur Across The Days. Mais cette fois, c’est pour une raison qui surpasse toutes les autres : la sortie de leur premier EP, fort de dix chansons, rassemblant (dans l’ordre chronologique) :

• « Less Unless »,
• « Run Overdrive »,
• « Light on a Leash »,
• « Airsray »,
• « Street Trap ».

Sur cet EP intitulé simplement « Rules », cinq chansons sont ainsi connues de nos oreilles tandis que les cinq autres le sont moins : la rock’n roll « Grey Nurse », la Sonic Youth « It’s Krill » ou encore « Mayfield » et « Slack Year ». La question qui se pose aujourd’hui est alors : y a t-il, au détour de cet amoncellement de bonnes tracks, une cohérence musicale ? La réponse est clairement oui.

De « Airsray » qui nous demande de prendre nostalgiquement la route, en passant par « Run Overdrive » qui nous ordonne intimement  de continuer à maintenir le volant (tout en s’approchant des refrains à la The Killers), jusqu’à  « Street Trap » qui nous piège comme des malotrus dans la rue (comme l’indique le titre), les trois premières compositions n’ont jamais aussi bien sonnées ensemble.

La nouvelle pause et pierre pop est, à n’en pas douter, « Grey Nurse », sauvage mélange de guitares anglaises accrochées à une rythmique country contrebalancées par des riff guitares popesque. On ne sait plus trop où donner de la tête mais voilà peut être la meilleure composition des Civil Civic jusque là. Avec « Grey Nurse », on a quitté la route car elle n’existe plus. Le seul moyen de locomotion, ça reste le cheval.

S’imbriquant parfaitement, « Sky Delay » et « Light on a Leash » prouvent qu’aux trois quart de l’album le duo réussit encore à étonner tant il arrive autant à proposer un son similaire – sans aucune trace de voix, qu’à donner une identité particulière à chacune de ses compositions. Et au sommet, le refrain tapageur et puissant de « Light On A Leash » pourrait vous donner une idée de la créativité de Civil Civic. « It’s Krill » annonce alors la légendaire « Less Unless », diffusée il y a plus d’un an et demi sur ATD.

« Mayfield » voit son cour musical se laisser porter vers le son à la Explosion in The Sky. Le genre de chanson à se retrouver perdu dans le désert de Monument Valley. On se pose, on boit une bière, on profite du paysage puis on reprend la rocade avec un ciel nuageux menaçant. Comme une évidence, tout est en noir et blanc.

Enfin « Slack Year » est la dixième chanson qui clôt dignement ce « Rules » EP. On sent la chaleur des années 80, synthés de sortie avec ce beat qui semble avoir été piqué au français M83. En tout cas, on continue à entendre la nostalgie lancinante commencée malicieusement par « Mayfield » pour se retrouver brutalement dans « Slack Year ». Merde, on se croirait dans un lycée américain sans y avoir jamais foutu les pieds. Un peu comme si on avait fusionné avec la bande-originale de Donnie Darko (Echo and the Bunnymen et Tears for Fears), le son gras option disto en plus.

A trop voir de films et de séries sur les campus ricains, Civil Civic, duo mondialisé entre l’Australie et Londres, semble pourtant avoir trouvé dans cette fin d’EP une chambre dans les méandres du Texas : les guitares acidulées pour les routes désertiques, un synthé pour le rafraichissement au bord d’une high school et un beat lancinant pour équilibrer la donne musicale.

On ressort alors de ce premier EP des Civil Civic pas tout à fait comme on y était entré. Un peu titubant à force de courir, un peu assoiffé à force d’avoir été embourbé dans une chaleur crasse, et un peu sonné de ce « Rules » qui a su renforcer en moi l’adhésion que j’avais pour les Civil Civic. Une adhésion à l’image de cette nouvelle galette : cohérente depuis un an et demi.

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