Arsène Lupin est un voleur insouciant, détroussant l'aristocratie parisienne grâce à son charme redoutable. Sa rencontre avec une ensorcelante aventurière, la comtesse de Cagliostro, va transformer le pickpocket débutant en voleur de haut vol. Lancé sur la piste du trésor perdu des rois de France, que convoite une obscure confrérie royaliste, le jeune virtuose multiplie les coups d'éclat : attaque d'un train lancé à pleine allure, course-poursuite dans les catacombes parisiennes, vol spectaculaire à la cathédrale de Rouen... Mais sa quête va être perturbée par sa passion aveugle pour la vénéneuse comtesse...
Arsène Lupin (2004, 2h10), film français réalisé par Jean-Paul Salomé, avec Romain Duris,Kristin Scott Thomas,Philippe Lemaire…
J'ai déjà souligné l'affection que j'ai pour ce personnage de la littérature française. Inventé par
Maurice Leblanc, Arsène Lupin est un personnage complexe, riche, ambigüe, et terriblement mauvais genre. Tour à tour gentleman et cambrioleur, anarchiste et esthète, un robin des bois des cours, un Sherlock Holmes embrassant la carrière de bandit, mais sans jamais se salir les mains avec du sang ni mettre dans le pétrin des innocents. Dans une France de la Belle Epoque, à cheval entre la fin des révolutions industrielles et la première guerre mondiale, Arsène Lupin apparaît se complaire dans cet entre-deux, étant hors du temps lui-même.Je n'ai visionné qu'un seul film tiré de ce personnage haut en couleurs : celui-ci, d'abord au cinéma puis en DVD. Ce film où le personnage éponyme est incarné par Romain Duris est une adaptation de l'épisode consacré à la Comtesse de Cagliostro. Malheureusement, je ne l'ai pas lu (mais une petite voix me dit que ce sera bientôt l'occasion). Cependant, je pense être assez familier avec le personnage pour estimer une certaine cohérence avec l'univers de Leblanc. Autant le dire de suite, le film est très largement décevant sur ce point, même si la seconde partie approche le personnage originel. D'un point de vue filmique, il présente néanmoins des arguments. Le réalisateur livre une copie plutôt propre, vue la difficulté de l'entreprise.
Contrairement aux romans où l'enfance de Lupin, et d'une manière générale sa biographie, est pour le moins floue, nous assistons pendant la première partie du film aux premières lupinades du petit Arsène pour le compte de son paternel. La grande absente de ces premiers moments est quand même la Gouvernante, présente à de nombreuses reprises par la suite et incarnant comme une mère adoptive. Le parti pris reste cependant intéressant : la relation père fils demeurant le fil conducteur du film. Malheureusement, ce fil rouge devient un peu trop voyant et tend à gâcher l'effet de surprise pour les spectateurs les plus soupçonneux. Le jeune Lupin est également bien naïf et au cœur bien tendre, loin du personnage désinvolte qu'il deviendra et qu'on apercevra sur la fin du film. En effet, pendant ces deux heures, on touche le personnage. Mais on ne le saisit pas. Et là réside la grande frustration. Certes, les décors sont plutôt beaux, ou en tout cas mon goût pour cette époque est au moins partiellement satisfait. Il y a quand même de bonnes idées, des scènes cocasses et intéressantes. Il demeure quand même quelques manques malheureux. Je veux bien comprendre que le réalisateur relevait un sacré défi. Disons qu'il sera parvenu à donner un coup de jeune au personnage, mais avec moins de brio que Guy Ritchie avec Sherlock Holmes. Si seulement ils avaient la bonne idée de réaliser un cross over, comme Maurice Leblanc à son époque. Disons un mot aussi sur le jeu des acteurs... terriblement surjoués. Le trop est l'ennemi du bien, et il apparaît bien féroce.
Bref, cet Arsène Lupin a le mérite d'exister, et Romain Duris a le mérite de prêter ses traits à un personnage qui, par définition, n'en a pas. L'ambiance demeure cependant trop tendre, trop hollywoodienne pour que la sauce prenne réellement. En même temps, peut être que cet épisode n'était pas le meilleur pour une adaptation moderne.
Note :
Les Murmures.