Appelons-le par son petit nom, Mégavirus. Ce sont des chercheurs français (CNRS) qui sont à l'origine de la découverte de ce nouveau « plus grand virus », le Chilensis Megavirus qui détrône le Mimivirus, resté pendant longtemps le plus grand virus par la taille et le contenu de son génome. Pêché au large des côtes Las Cruces, au Chili, ce Mégavirus, décrit dans l'édition en ligne du 10 octobre des Comptes-rendus de l'Académie des sciences américaine (PNAS), remonterait à des milliards d'années.
Mimivirus, son prédécesseur, taille 750nm de diamètre et codant pour 979 protéines, avait déjà incité un grand nombre d'études révisant le concept de virus. La découverte de ce nouveau cousin de Mimivirus, le chilensis Megavirus, un virus géant isolé au large des côtes du Chili, mais capable de se répliquer en eau douce, va permettre de faire avancer la recherche.
Ces chercheurs français dirigés par Jean-Michel Claverie, sont allés chercher de nouveaux virus géants près d'une station de biologie marine au Chili. Ils ont comparé les gènes de Mimivirus et de Megavirus. Le génome de Mégavirus est le plus grand génome viral entièrement séquencé à ce jour et de 6,5 % plus long que celui de Mimivirus. Il code pour 1.120 protéines, dont 258 (23%) n'ont pas d'homologues chez Mimivirus. Les deux géants, Mimivirus et Megavirus ont donc des divergences, même si Megavirus a conservé toutes les caractéristiques génomiques de Mimivirus, dont ses gènes de type cellulaire.
Le virus de la grippe comporte 10 gènes! Mais les virus géants peuvent en comporter 1.000 ou plus. Lorsque des virus géants envahissent une cellule hôte, ils n'éclatent pas comme les autres virus mais s'assemblent pour produire ensuite de gros morceaux de virus géants.
Ces virus géants, premiers témoins de l'histoire de la vie? Ces résultats conduisent Claverie et ses collègues à conclure que ces virus géants auraient constitué leur énorme capital génétique sur des milliards d'années, et accumulé des gènes aujourd'hui disparus, échangé d'autres gènes avec d'autres virus. Ils pourraient même avoir été une forme à part de la vie cellulaire. Le manque de 258 gènes de Mimivirus vs Megavirus ne signifie pas que Megavirus a ramassé ces gènes d'autres sources. Il est possible que Mimivirus ait perdu ces gènes. De même, Megavirus pourrait, lui-aussi, avoir perdu des centaines de gènes.
Source: PNAS Published online before print October 10, 2011, doi: 10.1073/pnas.1110889108 « Distant Mimivirus relative with a larger genome highlights the fundamental features of Megaviridae” (Visuels Mimivirus-Cell)
Autres actussur les Virus