En juillet dernier, le parlement validait la fameuse prime sur les dividendes ou prime « 1000 euros » voulue par Nicolas Sarkozy. Or, la moyenne constatée est de 300 €. Décryptage d'une formidable mystification.
En avril 2011, Nicolas Sarkozy, face au front du refus des organisations d'employeurs, sur son idée de versement de de prime sur les dividendes aux salariés, déclarait : « J'affirme qu'il est normal que les salariés et les ouvriers à qui on a demandé des efforts pendant la crise bénéficient de la reprise, c'est un principe sur lequel je ne céderai pas (...) »
Votée le 13 juillet dernier par le parlement, cette prime devenait obligatoire. Mais comme l'expliquait à l'époque Alain Vidalies (PS) : « (...) A l'inverse de ce que les Français avaient compris, cette prime n'aura rien d'obligatoire : il s'agit simplement d'une obligation de négocier qui pourrait à la limite n'aboutir qu'au versement d'un euro (...) »
Alors, quel est le résultat de cette « obligation » qui n'en était pas une ?
Dans un communiqué de presse du 29 septembre le Cabinet Deloitte indiquait les montants attendus pour la prime pour l’emploi, et précisait que ceux-ci seraient : « (...) près de moitié inférieurs au montant anticipé par le gouvernement (...) »
Quelques exemples
On pourra citer « l'humour » des patrons de Sécuritas qui ont proposé à leurs salariés 3, 50 €. Ou celui des patrons d'IPSOS, plus généreux qui leur proposent ... 24 € et qui, très impressionnés par le geste de leur direction, ont décidé de se mettre en grève !
STMicroelectronics pour sa part, alors que les dividendes de l'entreprise distribués cette année ont représenté 260 millions d'euros, ne versera que 150 euros à ses salariés.
On notera aussi, l'étonnante échelle de redistribution adoptée par L'Oreal : « (...) la prime est fonction du niveau de salaire. L'entreprise en a donné quelques exemples aux syndicats : 450 euros brut pour un salarié gagnant 25.000 euros annuels, 525 euros pour un salaire annuel de 35.000 euros, 600 euros pour 45.000 euros et, enfin, 765 euros pour les salariés gagnant 65.000 euros annuels et plus (...) »
Devant ce nouveau « franc succès » du Président du pouvoir d'achat, Xavier Bertrand a quand même reconnu ... quelques disparités : « (...) Pour certaines c'est 150 euros, d'autres 200, d'autres 600 mais entre nous c'est mieux que rien. S'il n'y avait pas eu cette loi, on ne toucherait rien du tout (...) »
Oubliant au passage de préciser comme l'écrit le Cabinet Deliotte que : « (...) plus d’un tiers des entreprises qui auront versé une prime (35%) envisagent de réduire l’enveloppe d’augmentation des salaires d’un montant correspondant à la moitié environ du coût de cette prime (...) »
Mais elle est où la prime de 1000 €, envisagée par le gouvernement, qui tablait sur une moyenne basse de 700 € ?
Et bien, selon Xavier Bertrand, il n'a jamais été question de ces montants, puisqu'il a affirmé à France Info que jamais un membre du gouvernement n'avait annoncé un montant de 1 000 €.
Or, le blog les décodeurs s'est livré à un petit exercice de recherche. Ce qui lui a permis de retrouver la vidéo de François Baroin qui expliquait sur Europe1, la mise en place d'un«dispositif simple sous forme de primes exceptionnelles dont le montant n'est pas encore stabilisé, d'au moins 1 000 € » ! Doit-on en conclure que notre ministre du Travail souffre comme Jacques Chirac, d'anosognosie ?
En tous cas, Xavier Bertrand a fait part de sa décision de rencontrer le PDG de Sécuritas pour le sermonner sur les 3,50 € (passée entre temps à 8 €) qu'il envisage de verser à ses salariés au fait que : « (...) Quand on est chef d'entreprise, on respecte les salariés et on ne propose pas ça (...) »
En attendant, il ne semble pas envisager de faire de même, avec les dirigeants de l'entreprise Avon Polymères à Vannes, dont les salariés connaissent le chômage partiel depuis deux ans et ne perçoivent plus l'intégralité de leur salaire, qui viennent de s'attribuer une prime de ... 126.000 euros. Un problème d'emploi du temps, sans nul doute !
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