Le soutien de Manuel Valls à François Hollande complique-t-il un éventuel ralliement d’Arnaud
Montebourg ?
Non, je ne pense pas que ça fonctionne comme cela. Je ne pense pas que la primaire fonctionne comme un congrès du PS. Il y
a des électeurs de gauche qui ont voté pour Valls et qui pour autant auraient pu voter Montebourg. Ce n’est pas aussi simple que ça. François Hollande est capable de porter la synthèse parce
qu’il a souligné quatre défis qui sont à relever : le défi financier, car c’est la crise ; le défi économique, avec la croissance en baisse et le chômage qui monte ; le
défi social, devant la montée de la pauvreté et de la précarité ; et le défi écologique. C’est ce qu’il va dire. Il ne va pas changer de ligne politique. On respecte les autres. Dans
les idées d’Arnaud Montebourg, il y a sûrement des choses qui se retrouvent dans nos propositions. Sur la réforme des institutions, au congrès du Mans, Hollande avait fait la synthèse sur la
VIe République. Et ce n’est pas un problème que l’Europe se protège des produits chinois, bien sûr. Mais il n’y aura pas d’inflexions de campagne pour aller grappiller quelques voix.
En soulignant dimanche soir que les idées de Ségolène Royal ont été reprises, François Hollande ne
cherche-t-il pas pourtant à récupérer ses voix ?
Non, on fait une analyse plutôt seine. Ségolène Royal était un peu en avance des fois, dès 2007. L’idée des primaires, on
peut dire ce qu’on veut, mais Ségolène Royal voulait qu’on les organise. Moi aussi, j’étais avec elle à l’époque. Sur la maîtrise des flux financiers, elle avait raison. C’est tout sauf de la
récupération.
Arnaud Montebourg propose la mise sous tutelle des banques. C’est difficilement compatible avec la
ligne de François Hollande…
Arnaud Montebourg a ses propositions. Il faut les entendre. Etre respectueux de quelqu’un qui a fait 17 % des voix. Il ne
peut pas être question pour Hollande demain de reprendre in extenso les propositions de Montebourg. On ne va pas être dans le zigzag. François Hollande ne s’oppose pas au contrôle des banques.
Lui aussi est conscient de ce sujet. Oui, quand il ya une prise de participation de l’Etat, il faut qu’il ait un représentant de l’Etat au conseil d’administration de la banque. On n’emploie
pas les mêmes mots, mais on a la même analyse. Arnaud Montebourg parle de contrôle des produits qui entrent dans l’Union européenne. Il ne faut pas jeter ça d’un revers de main. On ne peut pas
laisser faire un dumping social, écologique, fiscal avec la Chine. Ce sont des points qu’il faut prendre en compte, ça c’est vrai. Il peut y avoir des inclinaisons, dire qu’on a compris
certains points, car ça traduit des choses. ça traduit aussi une envie sur le fonctionnement des institutions. Il faut en tenir compte, mais on ne va pas changer de positions pour
autant.
Arnaud Montebourg a bénéficié d’une dynamique. François Hollande a-t-il la dynamique avec lui
aujourd’hui ?
Ce que je sais, c’est que la dynamique n’est pas avec Martine Aubry. C’est François Hollande qui est en tête, de près de 9
points. Dans une élection locale, quand un candidat fait 39% et l’autre 31%, la dynamique est plutôt du côté du premier. La dynamique est du coté de celui qui est en tête. Puis des candidats se
sont révélés, comme Arnaud ou même Manuel. Au début, il a été à 1 ou 2% chacun.
François Hollande n’a-t-il pas relâché son effort en fin de campagne, cherchant juste à éviter la
faute ?
Je n’ai pas ce sentiment. Maintenant, il faudra qu’il soit peut-être un peu plus précis dans ses propositions. Mais c’était
difficile un débat à six. Quand vous êtes le premier, c’est sur vous que se concentrent les attaques, c’est vers vous qu’il y a la pression. A six, avec trois débats, ce n’est pas simple
d’être favori. Mais il a confirmé cette place. A écouter certains, on croirait qu’il a perdu ! Il faut 39 %. Demandez-vous pourquoi Martine Aubry ne fait que 31% avec l’appareil et les
moyens du PS. Jusqu’il y a encore un mois, elle était encore première secrétaire.
Sur le fond, Hollande et Aubry sont idéologiquement proches : socio-démocrates, deloristes. La
différence se fera sur les personnes ?
Les Français perçoivent la personnalité. Ça compte. Là c’est un choix tout à fait personnel. Nous ne maîtrisons pas tout.
La relation que François a su créer avec les gens de gauche, c’est une relation sur le principe de la sincérité et de la vérité. Il a dit qu’elles étaient les difficultés auxquels on allait
être confrontés, quelles devaient être les priorités.
Avec 7% des voix pour Ségolène Royal, c’est certainement le cœur de son électorat qui s'est
déplacé. Ces personnes seront-elles capables de voter Hollande ou Aubry ? Ne peuvent-elles pas s’abstenir pour le second tour ?
Là il y a une interrogation. On est dans une élection. C’est un débat démocratique. Quel sera le taux de
participation au second tour ? On ne sait pas.
C’est donc le flou pour le second tour ?
Non, il n’y a pas de part de flou. Le rassemblement va s’opérer autour de François Hollande. Mais il faut faire la campagne
et être en cohérence. Moi je suis confiant, serein, avec une ligne politique. C’est la gauche efficace.
Et non la « gauche molle », que dénonce Martine Aubry ? Cette attaque a-t-elle
joué ?
Je ne l’ai pas prise pour François Hollande. Je ne crois pas que cela ait pu avoir un impact. Si ça avait été le cas, elle
serait devant. Elle est loin derrière. Sur plus de 80% des bureaux validés, la tendance est bonne pour François. Au final, on va faire 2,7 ou 2,8 millions de votants.