Depuis quelques mois, je n'entendais que des éloges sur ce nouveau restaurant de Fécamp (ouvert en avril 2011). Ce n'est pas trop dans mes habitudes de fréquenter les établissements proches de mon domicile (je préfère recevoir à la maison : c'est beaucoup moins coûteux, souvent meilleur, plus convivial et servi avec les vins ad hoc) mais là, j'avais vraiment envie de goûter à la cuisine de ce jeune chef vanté par tous.
Aussi y suis-je allé jeudi dernier en compagnie d'un ami oeonophile-gastronome, lui aussi interpellé par les commentaires laudatifs.
Il ne fait pas vraiment beau ce jour-là. Après deux semaines ensoleillées, c'est le retour du vent et des nuages gris. Pas de doute qu'un beau ciel bleu donnerait un peu de gaité à la pièce où nous nous trouvons.
Dès la consultation du menu de base (24 €), je commence à me poser des questions sur les raisons de l'enthousiasme que suscite le lieu : les intitulés des plats ne me font pas saliver. Je les trouve assez communs, avec l'impression de les avoir lus cent fois. Celui à 36 € donne un peu plus envie, mais me semble cher pour ce qu'il y a dans l'assiette. Nous nous rabattons donc sur le premier. Un tartare de crevettes pour commencer, puis un dos de cabillaud, sauce au safran. Pour accompagner le tout, je trouve une petite pépite dans la (modeste) carte des vins : un Riesling Kastelberg 1996 du domaine Moritz (dégusté quelques mois plus tôt avec le représentant local du vigneron).
Voici donc l'entrée. Déjà, je n'accroche pas vraiment au look (un hommage à Georges Mathieu ?) Je ne m'étendrai pas sur les différentes "quenelles", pas mauvaises, donnant surtout l'impression d'être là pour décorer. Passons au tartare proprement dit. Difficile d'exiger à ce que les crevettes soient servies crues (façon tartare de langoustine), mais au moins auraient-elles pu être juste saisies, avec une chair encore nacrée et croquante. Mais là, on est apparemment sur de la crevette de petite taille, et (trop) cuite. J'écris "apparemment" car il est bien difficile d'identifier quoi que ce soit tant la sauce (mayo au curry ?) est omniprésente. La salade est donc la bienvenue pour alléger le tout et apporter une touche de fraîcheur et de croquant. Les "filaments" de pomme de terre croustillants sont également sympa, même si ça semble un gimmick de la maison (on les retrouve dans le plat suivant).
Je serai moins critique sur le plat suivant : la cuisson du dos de cabillaud est irréprochable. L'accompagnement n'est pas mauvais, mais on ne sent pas vraiment de lien avec le poisson et sa sauce. La preuve en est que mon compagnon de table a commandé un autre poisson ... et a eu droit à une assiette quasi-identique.
Le bon point est l'accord avec le Riesling de 15 ans qui fonctionne très bien. Du coup, on se régale !
Pas grand chose à redire sur le dessert. La tuile est bien croustillante. La glace correcte. La soupe de fraise bien parfumée, pas trop sucrée. Le cuisinier que je suis s'interroge juste sur l'épaississant qui a été mis dedans (Xanthane?) qui lui apporte une texture ... peu commune, on va dire.
Avec le café, nous en avons pour 45 € par personne, ce qui me semble un peu cher au vu du plaisir ressenti. D'autant qu'il n'y a aucun petit plus pour faire passer le tout : pas de mises en bouche pour patienter avant l'entrée, pas de mignardises en fin de repas. Le strict minimum, quoi.
Paradoxalement, j'avais plus été conquis par le Terre Neuvasalors qu'il a moins la cote sur Fécamp. Les menus étaient beaucoup plus originaux, les plats plus cohérents avec des présentations moins chargées ... et puis des mises en bouche et des mignardises ! Sans parler du service sympa et très décontracté... ;o)
Alors quid de l'enthousiasme des uns et des autres ? J'avoue ne pas trop comprendre. Peut-être suis-je en total décalage culinaire avec une partie de la population qui semble apprécier les assiettes colorées et bien remplies, alors que je tends de plus en plus vers une forme de pureté/sobriété (mises à mal ici) ? A suivre.
En parlant de suite, voici celle de la pétition de soutien à Occupy Wall Street. Les 500.000 signatures sont déjà dépassées. Pas mal en 4-5 jours. Je conseille aux anglophones la lecture de ce très bel article de Naomi Klein qui se conclut ainsi : "Let’s treat this beautiful movement as if it is most important thing in the world. Because it is. It really is."
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