Discours de Martine Aubry au forum des Idées sur... par PartiSocialiste
Discours du 18 mai 2011, à Toulouse
Forum des idées sur la recherche et l'enseignement supérieur
Nous voulons une société capable de transmettre à chaque enfant tout ce qui a été créé, et écrit, tout ce qui a été inventé et découvert, et qui lui donne les moyens de faire fructifier et d’enrichir son patrimoine personnel et notre patrimoine collectif. Nous pensons, nous, que les enseignants, des professeurs des écoles jusqu’aux professeurs d’universités sont irremplaçables pour transmettre les savoirs mais aussi les valeurs qui sont celles de notre République.
Cette volonté de changer profondément de modèle de développement, nous impose le devoir de protéger la science, la connaissance, de ce qui aujourd’hui pourrit son avenir : les exigences de rentabilité immédiate, de la recherche du profit à court terme et de la compétition permanente. On le voit à travers la multiplication des appels à projet : bien sûr, nous – les chercheurs, les collectivités – sommes heureux quand nous sommes retenus sur des projets dits d’excellence. Bien sûr il faut que nous portions l’exigence. Mais lorsque l’on sait comment sont réalisés ces choix, lorsque l’on sait que l’argent va se concentrer sur ces projets au détriment de tous les autres, je ne suis pas sûre qu’on rende service à la recherche dans son ensemble. Si l’on veut vraiment développer l’élite ce n’est pas ainsi qu’il faut prendre les choses. Bien sûr, dans le court terme, cela permet de faire de l’affichage, cela permet de montrer des choses qui brillent un peu. Et les chercheurs, même s’ils sont critiques, n’ont pas le choix : ils doivent s’inscrire dans cette dynamique, car il faut bien survivre.
Et pourtant, le savoir est un domaine dont la performance obéit encore moins que tout autre à l’individualisme et à la concurrence systématique. L’émulation est bien plus productive quand elle prend source dans la collaboration et non dans la seule compétition. La compétition que nous devons promouvoir, c’est une compétition intellectuelle, une compétition de coopération, une compétition de débat et de curiosité. (...)
Nous savons nous que la science qui progresse, celle qui fait progresser la société, c’est une science qui marche sur ses deux jambes. Bien sûr il faut aider la recherche orientée, bien sûr, il faut une valorisation économique de la recherche, il faut aider à l’innovation. Il y aurait beaucoup à dire sur la façon dont, aujourd’hui, on aide plutôt les grands groupes qui auraient les moyens de se développer seuls, plutôt que les créateurs, qui sont parfois sur des domaines très pointu et ces PME PMI qui ne sont pas suffisamment accompagnées.
Mais si l’on ne prend en considération que le dernier étage de la fusée, elle ne décollera jamais : le soutien à la recherche fondamentale, à l’avancée de la connaissance, est irremplaçable. L’un ne va pas sans l’autre. Nous continuons à dire que le rôle des pouvoirs publics, et c’est peut-être leur devoir le plus exigeant, est de soutenir la connaissance pour la connaissance ; la curiosité sans laquelle aucune découverte n’est possible. C’est ainsi que nous préparerons l’avenir, dans l’université, dans les laboratoires.
Source : Martine Aubry