Notre système de santé est excellent, notamment grâce à l'hôpital public. L'espérance de vie, particulièrement chez les femmes, s'accroît sans cesse ; nous avons gagné onze ans depuis la Libération. Mais l'équilibre de la Sécurité sociale est de plus en plus menacé. Alors, que faire ?
Nous savons que les dépenses de santé vont continuer à progresser. Les progrès médicaux, la recherche scientifique supposent des investissements massifs avec des traitements plus coûteux, plus efficaces, et des besoins croissants de prise en charge de la dépendance liée à l'allongement de la vie. Il faut donc débattre du prix que nous sommes prêts à payer pour cette qualité croissante de soins et de santé. Il faut demander leur avis aux Français. (...)
Au fur et à mesure que le déficit croît, "on coupe des branches" de la santé : déremboursement de médicaments, recul de la péréquation entre régions, augmentation du financement des dépenses de santé par le malade lui-même... Nous sommes sur le chemin d'une privatisation de la protection sociale. Il faut en parler, et penser à ceux qui n'ont pas les moyens de recourir à l'assurance privée.
Là encore, il faut partir dans l'autre sens, et d'abord en remettant l'hôpital au coeur du système de santé. Cela impose de rétablir un équilibre juste avec le secteur privé, qui ne doit pas s'arroger les soins les plus rentables. Cela veut dire aussi garantir à chaque région une présence minimum de médecins dans chaque spécialité dès la sortie du concours de l'internat.
Et pour préserver les ressources de l'assurance maladie sans porter atteinte à l'emploi, après en avoir débattu, nous devrons élargir l'assiette des cotisations patronales des salaires vers la valeur ajoutée et revenir à une péréquation des financements entre les établissements et les territoires.
Enfin, des moyens importants doivent être dégagés sur la prévention à l'école comme au travail, mais aussi pour de grandes campagnes d'information et de dépistage pour mieux prévenir les maladies, par exemple sur les comportements à risques et sur la nutrition. La meilleure économie pour la Sécurité sociale reste l'absence de maladie. Il faut donc la prévenir pour l'éviter.
Et si on se retrouvait..., éd. L'aube, août 2008, pp. 179 sq.
Une vraie réforme de la santé tournera le dos aux franchises médicales, aux déremboursements, à la transformation de l’hôpital en entreprise. Elle confortera notre système de soins fondé sur la qualité de nos hôpitaux publics. Elle développera la recherche en matière de santé. Elle s’engagera enfin vers une politique de prévention tant négligée et pourtant si nécessaire. Elle luttera contre les déserts médicaux et contre les inégalités.
En vélo sur les routes de France pour défendre les services publics et l'accès aux soins
Martine Aubry souhaite une bonne route à son ami Marc Vuillemot, maire socialiste de la Seyne-sur-Mer, qui mène un combat admirable depuis des mois pour le maintien de la maternité dans sa ville.
Source : Martine Aubry