Martine Aubry et l'Université

Publié le 11 octobre 2011 par Aurelinfo

L’enseignement supérieur et la recherche sont plus pour moi que des priorités, comme on a coutume de le dire : c’est le cœur même du modèle de société que je veux construire.

Il nous faut engager une nouvelle étape de la démocratisation de l’enseignement supérieur, c’est la priorité des priorités. C’est une question de bon sens : c’est sur les jeunes, sur leurs compétences, sur leurs qualifications, leurs capacités d’imagination que repose l’avenir de notre pays.

Le fait d’avoir aujourd’hui à peine 4 jeunes sur 10 qui obtiennent un diplôme d’enseignement supérieur dans notre pays est vraiment un handicap à la fois pour les jeunes qui n’en ont pas et pour notre pays. On ne peut pas accepter que le choix des études que l’on fait, le choix d’en faire ou de ne pas en faire, dépende du milieu social des jeunes. Je veux amener en 10 ans 50% des jeunes au niveau de la licence, quand ils ne sont que 24% aujourd’hui.

La première condition de la démocratisation, c’est que les étudiants puissent effectivement faire des études en ayant une chance de les réussir, et pour cela, d’avoir les moyens financiers nécessaires, un accès au logement, à la santé.

La seconde condition, c’est la réussite à l’Université. Nous sommes le pays de l’OCDE dans lequel le taux d’encadrement des étudiants est le plus faible : 5 enseignants seulement pour 100 étudiants. Il faut en finir avec ces amphis bondés où il faut arriver une heure avant un cours pour avoir une place.. De nombreux changements sont à entreprendre. Quelques exemples : il faudra un vrai service public de l’orientation car trop de jeunes échouent et ont l’impression de ne pas être à la hauteur, sont obligés de se remettre en cause parce qu’ils ont été mal orientés. Je crois d’ailleurs qu’il est absolument essentiel de développer les formations technologiques et professionnelles. A l’université comme à l’école, il faut accompagner chacun selon des pédagogies différentes, des rythmes différents : cela fait partie de la révolution de nos services publiques que je mènerai.

Enfin, il est indispensable de mettre un terme à l’hémorragie de l’enseignement supérieur public au profit de l’enseignement supérieur privé.

> Je mettrai en place une allocation d’étude et de formation sous condition de ressources qui remplacera et complètera les systèmes de bourses existants. Elle regroupera la demi-part fiscale, les allocations diverses et les bourses existantes.

> Pour que les jeunes vivent dans des bonnes conditions, je propose un programme de construction – 8000 par an au minimum – et de réhabilitation des logements étudiants. J’engagerai également un vaste plan d’accès à la santé et à une restauration de qualité, en généralisant les bonnes pratiques mises en œuvre dans les régions socialistes.

> Je mènerai une vraie réforme des premiers cycles universitaires pour offrir aux étudiants à l’université les mêmes conditions qu’à ceux des classes prépa : 25 heures d'enseignements minimum par semaine, des petits groupes, une véritable pluridisciplinarité, un accompagnement personnalisé par des enseignants…

> Je rapprocherai les classes préparatoires, les BTS, les écoles, les universités, au sein de Réseau territoriaux de la Connaissance qui permettront de mutualiser les moyens et d’offrir une offre de formation cohérente sur le territoire.

> Après des années de clochardisation de l’Université, j’engagerai un plan pluriannuel de recrutement pour combler les manques criants en enseignants-chercheurs et de personnels administratifs… et je relancerai l’immobilier universitaire.

> Dès le début du quinquennat, j’organiserai des Assises de l’Enseignement supérieur et de la Recherche pour préparer, avec l’ensemble des acteurs et des représentants du milieu scientifique, universitaire et étudiant, une grande loi pour l'enseignement supérieur et la recherche qui remettra à plat l'ensemble des textes tant contestés par la communauté universitaire depuis 2007. La loi LRU sera réformée pour favoriser une autonomie des établissements d’enseignement supérieur et des organismes de recherche, fondée sur la collégialité universitaire, la démocratie interne et sur l’attribution de moyens matériels et humains accrus pour faire vivre cette autonomie dans de bonnes conditions.

Source : Martine Aubry