C'est avec un peu de lassitude que j'écris ce billet sur le film 'Drive' réalisé par Nicolas Winding Refn. Bel objet, belle mise en scène, bel emballage. La mécanique est parfaite, et même sublime par moments sur le plan formel. Comment s'explique alors ce manque de réel enthousiasme en moi? Le film est-il trop bien ficelé, trop bien calculé, trop bien empaqueté? Et qu'est-ce qu'il y a à l'intérieur ? L'histoire est bien simplette, les personnages réduits à des esquisses effleurant la caricature... Ok le réalisateur joue sur le minimalisme, il est dans l'épure et ne raconte que son thriller, en le faisant naviguer entre calme et tempête. Les références cinéphiles abondent dans les strates sous-jacentes, j'ai pensé tour à tour au 'Ghost samurai' de Jarmusch, au 'Dirty Harry' de Clint Eastwood, au cinéma asiatique (pour les éclats très graphiques de violence sauvage), à Sofia Coppola (pour le spleen classieux agrémenté d'une bande-son électrorock très élégante). Les Inrocks aiment, c'est normal.
Je suis partagé: d'un côté, 'Drive' révèle un style et un savoir-faire indéniables, d'un autre côté, je flaire une part d'esbroufe et de marketing raffiné. J'ai l'impression que le film, derrière sa pose arty est hyper-calibré pour plaire à un public hyper-branché. Bon, c'est un peu ce qu'a fait Tarantino avec son premier Kill Bill, non ?