Par GoudurixYZ
I was walking down the street… chantait Mark E. Smith il n’y a pas si longtemps. Février 2010, I was walking down a desert street. Carnaby Street. Une pharmacie, une boutique d’articles de sports, des magasins de fringues comme dans n’importe quelle ville. Certes, il reste Merc, Merci. Aseptisé pour touristes japonais. Deux magasins Sherry’s qui résistent encore et toujours à l’envahisseur. Une boutique Ben Sherman. Une chère boutique Ben Sherman dans une chère galerie. Et c’est tout. Même l’immonde plastique orange sur lequel déambulait Paul Weller a foutu le camp lui aussi. Camden ? Soho ? Pareil. Soirée Blow up ? Pareil. Partout des gens sapés H&M, Zara, Gap. Sapés Top shop j’oubliais. Londres est-elle toujours en Angleterre ? Mystère.
Ou sont passé Teds, rockers, mods, punks ? Ou sont passés bandes, modes et autres mouvements, je crois qu’on dit comme ça. Arrêtés sur la bande d’arrêt d’urgence depuis le revival skinhead des années 80. Depuis ? Rien. Faut dire que ces derniers ont fait fort, tapant sur tout ce qui bouge.
Récapitulons. Au risque de me tromper – encore une fois – que pouvait pousser un de nous à devenir ça ou ça ou ça ? Appartenir à un réseau social et choquer le bourgeois.
Le réseau social s’appelle Facebook aujourd’hui. L’opportunité est à portée de clavier. Les potes virtuels sont bien suffisants. Plus besoins d’amis pour savoir. Savoir qu’écouter, savoir que voir, savoir où aller, savoir que porter. Comment le porter ? Où le porter ? Où le trouver ? Savoir comment se faire d’autres amis qui savent comment faire. Savoir comment devenir le roi du monde. Un soir, un mois, un an, jusqu’au moment où l’on se prend une tannée ou une veste. Parfois les deux. Besoin d’un pote branché à l’heure de Youtube ? Pfff. A quoi bon ? Seuls les gothiques résistent encore. Une araignée dans le processeur ? Hum.
Et puis. Et puis si en plus on pouvait choquer papa maman et les amis de papa maman ? Le bonheur était double. Comme les cacahuètes dans le Sundae. Dis-moi qui tu n’es pas, je te dirai qui tu es. Mais qui choque le bourgeois aujourd’hui ? La racaille. Pardonnez-moi si c’est risible, mais je ne sais pas comment on dit. Peut-être à l’envers ? C’est eux qui battent le pavé. Les émeutes ne sont plus à Brighton mais dans le 93. Le 9.3 pardon. Autre époque, autre style.
Parfois la barre est plus haute. Beatniks, hippies, punks et no future et new way of life. Après nous le déluge. A l’heure du surendettement et du politiquement correct, m’est d’avis que ce genre d’utopies est mort et enterré. Le dernier mouvement en date ? Rappelez-vous le dérisoire Nu-rave des Klaxons et des… Klaxons, il y a déjà 5 ans.
Que voulait dire Bossa nova ? Nouvelle vague. Une vague, puis une autre, puis une autre… Attention au mal de mer. Comment lutter contre la routine si c’est pour y tomber dedans ? Quand vacuité rime avec inanité, mieux se méfier. Qu'y avait-il d’autre ?... Le goût du vintage ? 30, 50, 60, 70, 80 ? Ca y est, nous sommes rattrapés. Le compte à rebours est terminé. 2011 : que reste-t-il aujourd’hui ? Quelques idiots du village qui courent après les coureurs du Tour de France habillés en clown ou en super-héros dans l’espoir de passer sur Youtube ou au Zapping.
Alors qu'est-ce qui pouvait pousser vos parents à sortir de chez eux pas comme vous (et moi) ? La mode ? Bien sûr. "Etre différents tous ensemble", une valeur sûre. L’instinct grégaire ? Valeur refuge. La musique ? Valeur en crise. Rappelons-nous. Encore une fois. Fin des années 90, le rock est moribond. Même Rock & Folk n’y croit plus. Problème, on n’a pas trouvé mieux depuis. Strokes, White Stripes et Libertines sont arrivés à point nommé. Mais le rock aujourd’hui n’est même plus subversif. Peut-être en verrez-vous un – de ceux qui en font - allumer une cigarette sur un plateau télé et encore. Et puis, qui à envie de s’habiller comme le batteur des Arctic Monkeys, je vous le demande ?
Plus de quoi se faire un film. Rappelez-vous. La file de droite, la file de gauche. Les gens dans la file de droite. Les gens dans la file de gauche… Rappelez-vous les films d’horreur italiens des années 70. Les westerns spaghetti, les péplums, les midnight movies, la Hammer. Les films de genre. J’enrage (dedans). Tous tombés. Tombés au champ d’honneur de la mondialisation hollywoodienne. Même le foot anglais n’est plus anglais. Mais je m’égare. Bienvenu dans le monde de la pensée unique d’Ardisson, du Grand journal, des Inrockuptibles.
Alors, plus personne n’y croit ? Personne ne me croit ? J’espère. Mais rappelez-vous une dernière fois quand les pompistes, les représentants de commerce et les inspecteurs des impôts de vos parents portaient tous pattes, pattes d’éléphants, cheveux et cols longs. Ecoutaient Garry Glitter et les Sweet. Ca changeait le contrôle fiscal non ?
Au fait, I was walking down the street, c’est le début de "Blindness". Des fois que…