Le vrai changement est du côté de Martine Aubry

Publié le 10 octobre 2011 par Gezale
La primaire citoyenne éclabousse de son importante réussite toutes les autres informations. Contre les sondeurs, l'UMP, les oiseaux de mauvais augure, l'emprise du Sarkozysme sur certains médias et faiseurs d'opinions, les sympathisants de Gauche, du moins ceux du PS et du PRG, ont fait preuve d'une maturité démocratique irréversible. Nombre de caciques du PS étaient hostiles à cette primaire. Nombre de militants du Parti de gauche, du PC et des Verts snobaient ce progrès démocratique. Il a fallu l'opiniâtreté d'Arnaud Montebourg et le courage de Martine Aubry, première secrétaire, pour se lancer dans une formidable opération logistique et politique dont chacun s'accorde aujourd'hui à reconnaître la fiabilité et surtout l'équité.Ce n'était pas gagné. Ils étaient nombreux (surtout à droite) ceux qui mettaient en avant le flicage, les tricheries, l'impossibilité de mettre au point un système fiable, non contestable. Marc François, responsable départemental de la Haute autorité, a fait ce dimanche le tour des bureaux. Il a constaté une organisation sereine, des files d'attente d'électeurs (trices) patients non rebutés par l'euro nécessaire et la signature de la charte des valeurs de la Gauche. Certes, 5 % en moyenne de participation, ce n'est pas le Pérou mais c'est déjà un signe de mobilisation pour les futures échéances, autrement importantes.Le second tour s'annonce évidemment serré. Là encore, des sondeurs donnent Hollande vainqueur. Martine Aubry a-t-elle une chance ? Si Arnaud Montebourg se souvient d'avoir dit, en 2006 : « le principal défaut de Ségolène Royal, c'est son compagnon » (NDLR : François Hollande) il devra en tirer les conséquences politiques. Mais les événements se bousculent et rien ne dit qu'Arnaud Montebourg est encore dans les mêmes dispositions. La politique peut nous réserver de ces surprises…On l'écoutera avec attention ce soir.En attendant, tout le monde lui court après. Même mon ami Reynald Harlaut, du Parti de Gauche (voir ci-dessous) hostile à la primaire, aimerait bien que les électeurs d'Arnaud Montebourg rejoignent Jean-Luc Mélenchon. Ils ont des thèmes communs mais des stratégies politiques différentes. Comment Mélenchon, qui a quitté le PS, qui ne passe pas un jour sans dézinguer ses leaders, pourrait-il espérer scorer avec les voix de son ancien parti ? Que n'a-t-il participé à cette primaire ? C'eût été l'occasion de faire campagne sur son programme et de tester en grandeur nature l'influence réelle de ce dernier. A l'évidence, le risque était grand de mesurer une influence au sein de la grande famille de la gauche. Finalement, Jean-Michel Baylet aura eu ce courage. Même s'il ne recueille qu'1% des suffrages.Cette semaine, je ferai campagne pour Martine Aubry. Elle a la stature, le calibre, la force de conviction, la détermination et la solidité. Je souhaite qu'elle gagne dimanche prochain. Elle saura rassembler la gauche, proposer un vrai changement, combattre Sarkozy et le battre en avril-mai 2012.
Le point de vue de Reynald Harlaut

Mon ami et co-rédacteur de ce blog a un autre avis, ce qui est évidemment son droit. Lisez-le avec attention.« L’évènement du premier tour de ces primaires socialistesest sans aucun doute la percée remarquable que fait Arnaud Montebourg.Recueillant à lui seul un peu plus de 17% des voix, il ridiculise les institutsde sondages qui le considéraient non sans mépris comme l’amuseur du Partisocialiste. Une sorte d’idéaliste, de doux rêveur, de trublion par oppositionaux candidats sérieux et réalistes que seraient François Hollande et MartineAubry.
Or, que constatons-nous ? Les idées qu’il a défenduestout au long de sa campagne se situent pour l’essentiel à la marge du programmeofficiel du Parti socialiste commun à tous les candidats. Et sur un certainnombre de points importants, elles lui sont étrangères. La démondialisation qu’il prône n’est pas différente à bien des égardsdes propositions du programme partagé du Front de Gauche. À commencer par lavolonté de briser les reins du capitalisme financier responsable de la criseactuelle et de mettre les banques sous la tutelle de l’État.
Que ces idées recueillent un tel succès au sein même duParti socialiste et dans son électorat prouve deux choses :La première est que le Partisocialiste dans son ensemble n’a pas pris la mesure de la volonté de changementdes Françaises et des Français. Il ne s’agit pas seulement de se débarrasser deNicolas Sarkozy. Mais bien du désir d’un véritable changement :c’est-à-dire, non pas la continuation des politiques d’accompagnement dusystème néolibéral qui sévit actuellement dans le monde occidental, mais bienune véritable rupture avec ce système dont nos concitoyennes et concitoyens ontdésormais bien compris avec les derniers développements de la crise, àl’exemple de ce qu’endure le peuple grec, qu’il nous mène inexorablement à lacatastrophe.La seconde est que rien ne pourra se faire sans le Front deGauche. Quelques vagues promesses et aménagements à la marge du programme duParti socialiste ne suffiront pas à rallier les voix des électrices et desélecteurs de gauche qui ont soutenu la candidature d’Arnaud Montebourg. Alors quedans le même temps, en dépit de l’ostracisme quasi général organisé par lesmédias à l’égard du Front de Gauche et de son candidat Jean-Luc Mélenchon, lesderniers sondages – même s’ils ne sont pas notre tasse de thé – montrent que cedernier progresse régulièrement quand bien même la campagne du Front de Gauchen’en est qu’à ses balbutiements. La percée des idées développées par ArnaudMontebourg, concrétisée par son résultat au premier tour des primairessocialistes, est donc un signe extrêmement encourageant pour le Front de Gauche,qui fait naître un formidable espoir. Celui de voir l’autre gauche tenir têtesans complexe en 2012, au premier tour de la présidentielle, aux tenants dusocial-libéralisme.
Ce dimanche 9 octobre, l’espoir à gauche a changé de camp.
Reynald Harlaut
Parti de Gauche, Front de Gauche