Thúy parlant de la recherche de son intérieur : comme je n’avais rien trouvé à travers les années, j’ai eu la brillante idée de remplir ce vide de l’âme des autres. J’ai commencé à absorber une réflexion de l’un, un souffle de l’autre, des émotions éparses, attrapées au vol autour d’une table, dans le trou d’une serrure, entre deux clignements de paupières. Après quarante ans, je possède maintenant une collection de savoirs, de sentiments, de réflexes si variés, si entremêlés et si contradictoires qu’ensemble ils donnent l’illusion d’une âme, ou du moins un certain équilibre, sinon une moyenne.
Janovjak parlant de ses voyages, ici, de rickshaws : Dans ma mémoire se bousculent des dos mouillés par l’effort, des maillots de corps déchirés et des chemises trempées par la mousson, des nuques, des cheveux noirs. Mais de ces hommes qui pédalaient devant moi, je ne me souviens d’aucun visage.
Ils nous parlent de tout et de rien.
Un début un peu récalcitrant ces sauts de coq-à-l’âne, mais très rapidement, l’écriture poétique, la plume maîtrisée, les sujets traités, savent conquérir le lecteur. Un court recueil qui nous fait retrouver le rythme de Thúy et m’a fait découvrir cet auteur franco-slovaco-suisse. Ce dernier a publié Coléoptères en 2007 et L’homme invisible en 2009.