Un merveilleux roman… très sage.
Les souvenirs, c’est du Foenkinos : un roman empreint de douceur et de poésie, doublé d’une jolie histoire. Pourtant, aussi beau que soit ce récit, il est également lisse et sans aspérités, au risque de ne finalement pas complètement accrocher le lecteur.
RÉSUMÉ :
Le narrateur nous entraîne dans son histoire familiale, traversée par les drames de la vie : un père incapable de montrer son amour, une mère qui déprime, une grand-mère abandonnée en maison de retraite et qui s’enfuit. Au milieu de ce chaos, David Foenkinos nous livre des réflexions sages et pleines d’humour sur la mort, la vieillesse, l’amour…
MON AVIS : exquis, délicieux, mais pas assez relevé.
Dans ce roman, David Foenkinos nous parle de l’âme humaine, des émotions, des sentiments, des incertitudes, du destin. David Foenkinos est un archéologue du bonheur : il ne creuse que pour mieux faire ressortir la beauté de la vie, malgré les turpitudes et la fatalité dont elle nous accable. C’est toujours un réel plaisir de lire un auteur qui peut encore nous faire rêver sur un quotidien peu exaltant, sourire avec des tragédies ordinaires et finalement nous faire admettre que la vie est belle malgré tout.
Le récit est entrecoupé des souvenirs que nous livre chaque personnage qui traverse l’histoire: il est conseillé d’aborder ce roman comme une poésie, en prenant le temps de se délecter de la mélodie du texte. Car décidément, c’est un fait: David Foenkinos cultive un style remarquable, les mots sont choisis avec soin, l’écriture est presque lyrique et contribue à envelopper le lecteur d’un bien-être moelleux.
Mais… (car il y a un « mais ») aussi beau, gai et mélancolique que soit Les souvenirs, l’histoire reste bien convenue, très lisse… presque trop polie, trop banale. David Foenkinos est certainement un gentil, de ceux qui ne peuvent pas malmener le lecteur et c’est précieux, mais à quand un petit grain de folie dans cet univers très policé?
JE VOUS LE CONSEILLE SI…
… vous sortez de lectures qui vous ont laissé sur le carreau : lu après Delphine de Vigan, David Foenkinos fait des merveilles pour nous réconcilier avec la vie.
… vous avez envie de reprendre confiance en l’amour, la mort, la vieillesse, l’amitié. L’auteur écrit sur tout ce qui jalonne une existence et à le lire, on a l’impression que les écueils s’aplanissent. On s’apaise…
EXTRAITS :
Rassurez-nous, David Foenkinos, nous aimez-vous quand même?
Je trouve fatigantes les femmes qui nous demandent si nous avons remarqué tel ou tel changement physique. Elles sont des tyrans de leur apparence, et nous des esclaves de la constatation. On peut être passionné par une femme, l’aimer profondément et donc aveuglément, sans avoir à remarquer son nouveau fond de teint. Parfois, ce sont même des détails invisibles à l’œil nu! Il arrive que les femmes s’offusquent du fait que le mouvement microscopique qu’elles viennent d’opérer ne nous saute pas aux yeux, dans une sorte d’attentat à l’évidence. [...] j’avais déjà remarqué cette obsession narcissique qui semblait obligatoirement liée à la naissance d’un sentiment. Le fait d’être aimée provoque non pas une assurance mais un nouveau terrain de fragilité. Ainsi, j’ai vu des femmes, qui me paraissaient fortes ou autonomes par rapport à ce besoin d’être admirées, commencer à réclamer des attentions d’amour à mesure que la réciprocité affective était établie. C’est l’un des (innombrables) paradoxes du système féminin.
David Foenkinos est capable de percevoir l’humour de la situation le plus insignifiante:
J’ai observé sa chambre. C’était à peu de choses près la même que la mienne. Il n’y avait pas de tableau de poules. Mais je pouvais être rassuré : elle avait, elle aussi, sa croûte. Et je dois dire que sa croûte surpassait la mienne. Je n’étais finalement pas si mal loti au royaume de la médiocrité (chacun trouve les réjouissances qu’il peut). Son tableau était une sorte de nature morte, mais vraiment morte : il n’y avait plus aucun espoir pour cette nature-là, représentant trois pommes sur une table. C’est sûrement un fait unique dans l’histoire des fruits, mais je peux le dire avec certitude: ces trois pommes là avaient l’air affreusement déprimées.
VOUS AIMEREZ PEUT-ÊTRE :
Rien ne s'oppose à la nuit, de Delphine de Vigan
Le Club des Incorrigibles Optimistes, de Jean-Michel Guenassia
Mon coup de cœur de la rentrée littéraire 2011! Dans un tout autre registre, un très beau roman également.