The United States of Leland.
(réalisé par Matthew Ryan Hoge)
Mal de vivre.
Un film atypique. Dans le bon sens du terme. Il ne ressemble à aucun autre mais pour l'apprécier il faut y mettre du sien. Proche du documentaire, il exprime des idées intéressantes sur l'Homme et son rapport au monde sans jamais les imposer. Ah par contre, il impose un acteur: Ryan Gosling.
Un jeune adolescent paumé en tue violemment un autre, attardé. Envoyé en détention dans un centre de réhabilitation pour jeunes adultes, il fait la connaissance d'un professeur attentif. Un lien spécial se noue entre les deux hommes.
The United States of Leland est un film qui prône l'inanité comme moteur de l'action. C'est casse-gueule mais ça marche. Il ne se passe rien sauf des échanges entre le professeur en quête d'une bonne histoire et Leland, un peu dépassé par les évènements. Le but étant de comprendre ce qui a poussé le jeune homme à tuer le frère de sa petite amie. Le refus de l'action fait écho à l'état des personnages. Leur vie s'est arrêtée avec le meurtre. Que se soit la famille (nombreuse) du mort ou celle (qui l'est moins) de Leland, tous refusent de voir la vérité en face et sont comme en pause. Comme si eux aussi attendaient que le film livre sa philosophie afin de s'en inspirer pour leur propre vie. Ma théorie est un peu capilotractée mais je la trouve valable.
Quelle est donc cette grande révélation sur le sens de la vie?
Vous allez devoir patientez un peu, je vais d'abord revenir sur la structure du film. Elle est très littéraire. Le personnage raconte de manière très descriptive son mal de vivre profond. La voix-off et la réalisation renforcent cette impression. Cette structure réussit bien au sujet et au film. Elle s'offre notre implication et notre émotion. Du tout bon.
Revenons à l'interrogation posée plus haut. Le film aborde les questions métaphysiques suivantes: comment supporter la douleur et le malheur qui gangrènent le monde? Comment accepter notre mal de vivre? La force principale du long-métrage est de nous faire miroiter une réponse qui ne viendra évidemment jamais, pour la simple raison qu'il n'en existe pas. C'est à chacun d'entre nous de trouver un moyen d'y faire face. C'est frustrant mais c'est ainsi. Ce qui nous ramène à Leland. Un très beau personnage. Alors qu'on le croit apathique, à la limite de la sociopathie, il souffre en fait d'une trop grande empathie. Au lieu de se résigner à la tristesse et au spleen ambiants, il craque, submergé par tout ce qui ne tourne pas rond dans ce monde. Et c'est là que la puissance de jeu de Ryan Gosling fait toute la différence. C'est un excellent acteur. Il oscille entre les sentiments et son visage à une puissance d'évocation immense (Drive est venu le confirmer). Une révélation.
Un film à ne pas mettre entre toutes les mains tant il peut ennuyer. Il ne s'y passe pas grand chose et peut sembler naïf. Mais il est aussi beau et profond, à condition de forcer un peu son implication. Et puis Ryan Gosling est parfait.
Note: