Miossec, Jim Yamouridis à l'Orangerie du Botanique, Bruxelles, le 8 octobre 2011

Publié le 08 octobre 2011 par Concerts-Review

Combien de fois l'as-tu entendue, Miossec, le poète éthylique, celui dont la profession de foi est 'Boire', mis au sec par le neurologue?

Un nouvel enregistrement' Chansons ordinaires' écrit à Evian, et sur scène, ça donne?

On verra au Bota, bien garni en l'occurrence!

C'est Jim Yamaroudis qui assure la première partie de cette tournée.
D'origine grecque, né en Australie, un faible pour Sarkozy, je m'installe dans l'hexagone ( Massif Central) avec ma guitare et mes kangourous.
A Melbourne il faisait partie du band The Stream, deux albums, depuis sa nidation du côté des volcans, trois plaques, la dernière: 'Into the day'.
20:00, Jim s'installe sur un siège, nous salue, saisit sa gratte et entame une intro tout en arpèges, le gars se met à psalmodier d'une voix grave, Cave(rneuse)...Struggle, stumble, stagger alone... ( 'Ragged or whole'): la claque: Cohen, Johnny Cash, tout en sobriété, le timbre impose le silence, s'immisce insidieusement dans ton cortex . Ce mec est dangereux!
En français teinté d'Hellène et d'Aussie: celle-ci est pour les amoureux captivés dans une danse éternelle: 'Where I'll be' , du folk tournoyant.
Un rebetiko ( blues grec) pour suivre, le lancinant 'I want to ride'.

Imagine l'ouest désertique, une nuit froide: le Lynchéen et torturé ' Say goodbye', d'une voix profonde, proche du timbre de Mark Lanegan, une longue plainte récitée.
L'envoûtement est malheureusement gâté par un trio de trouduc déjà bien imbibés et aussi bruyants que des supporters du Beerschot ayant vu un Nippon dans la cage adverse.
Bordel, le bar est ouvert, bande de ploucs!
C'était l'Ancien Testament, la dernière est pour les enfants, pas certain que les gosses apprécient cette mélopée intimiste aux teintes hivernales... the ground is frozen... et aux relents philosophiques... there's a price, someone has to pay...
Belle découverte en tout cas!

Intermède et plages choisies par Radio Tour Eiffel: Edith Piaf, Adolphe Bérard ( 'Fumeur d'Opium'), Fréhel, Berthe Sylva.... glorieuse époque!
Hic, pas facile digérer ces microsillons grésillants pendant près de 4o'...
Le public s'impatiente, s'irrite, bat des mains... le drôle va-t-il arriver éméché?
Les fils à papa de tout à l'heure passent leur temps à faire chier un couple dans la cinquantaine, ça craint!
Enfin, le band se pointe: l'excellent Thomas Schaettel aux claviers ( Elliott Murphy, Bruno Green, Little Bob...) - le méchant Goulven Hamel à la guitare (Santa Cruz, Holy Dust...) et deux gars qu'on a rencontrés sur la route, ils faisaient du stop (sic!): Jacques Auvergne à la basse (Santa Cruz) et Alex Tual à la batterie (Santa Cruz, Komissèr Socrate)!
 Miossec les suit en claudiquant et s'agrippe au micro, bouée de sauvetage.
C'est parti pour 50' ( avant les rappels) de rock rageur et âpre.
Le Breton ouvre avec ' Chanson du bon vieux temps' au démarrage gros rock, interlude fête foraine et nouvelle envolée énergique... c'était mieux avant... nom de Dieu, tout fout le camp....
Tranchant, sec, rebelle: c'est bien parti.
'Chanson pour les amis' -' Chanson pleine de voix' - 'Chanson dramatique', la lecture de son huitième album, la guitare attaque sous la ceinture, la rythmique bétonne, on n'a pas devant soi une star accompagnée d'un backing band décoratif mais bien des rockers ayant à leur tête un marin qui veut en découdre!
2001 ' Le défroqué' , une guitare surf, voix éraillée style Arno: nerveux et vindicatif!
'Chanson pour un homme couvert de femmes' sur fond de piano Chopin sera suivi du théâtral ' Maman' :
Oh ma oh ma
Oh ma maman
J'ai si peu de regrets et tellement de souvenirs
Que s'il fallait tout refaire je prendrais un grand plaisir
A tout reprendre à l'envers...
Est-elle à plaindre madame sa mère?
Probablement!
Votez Miossec: rattachez la Belgique au Luxembourg et tout sera réglé:' Chanson protestataire'.
Intro piano/voix: ' 30 ans' , vieillir, le temps qui passe... sortez les kleenex!
Assez pleuré, de gros riffs punk ' La facture d'électricité'.
'Brest' tonnerre d'applaudissements, puis retour au rock 'Le cul par terre' , Bruxelles jubile, les petits cons derrière toi arrosent l'entourage de leur pils, Jean-Claude V D est pas content, ça sent la castagne.
Je confisque le gobelet du plus exubérant, il ne m'a même pas remercié, l'animal!
Une valse marine ' Fortune de mer', Goulven a sorti un archet et caresse sa gratte!
Beau!
Fondu enchaîné: 'Chanson sympathique', petite leçon de philosophie:
Ce n’est pas parce que tu pleures
Qu’on va écouter tes petits malheurs
Ce n’est pas parce que t’as rien à dire
Qu’il faut tenter de l’écrire...

OK, Christophe, je range mon stylo à billes et vais boire une limonade!
'Chanson d'un fait divers', une carte postale déchirée.
Le sauvage ' Chanson pour un insomniaque' met fin au premier acte!

Acte deux, première série de bis!
Piano majestueux, ' Chanson qui laisse des traces' , sombre et sobre chanson de rupture.
Ma voisine, 20 ans l'attendait: 'Rose', où ecchymose rime avec rose, formidable piano!
'La fidélité' un mythe, semble-t-il!

La séquence prend fin avec ' A Montparnasse', toutes des salopes... je t'aime quand même...
Tu vas encore te faire avoir, mec!

Ovation immense et acte final!
'Je m'en vais', il est pas parti et le truc vire à l'hystérie.
'Les bières aujourd'hui s'ouvrent manuellement' un génie, ce Miossec!
Cali, c'est de la gnognotte, me souffle Jean-François!
Avec quoi tu viens, gamin!
'Chanson que personne n'écoute', voilà le onzième titre du dernier disque, zont tous passé la revue , celui-ci déménage un maximum et clôture de belle manière ce concert musclé.