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J’ai testé: « Présumé Coupable » au cinéma

Publié le 10 octobre 2011 par Generationnelles @generationnelle

Le filon des affaires judiciaires semble avoir la côte auprès des producteurs en ce moment. Après « Omar m’a tuer » retraçant l’affaire Omar Raddad, c’est au tour de l’affaire d’Outreau d’être adaptée sur grand écran. Et plus particulièrement de l’histoire d’Alain Marécaux, l’huissier de justice emprisonné pendant 23 mois en 2001 pour pédophilie et acquitté en 2005.
Vincent Garenq adapte son roman, « Chronique de mon erreur judiciaire », avec la violence et la justesse nécessaires pour aborder un tel sujet.

Le film retrace le calvaire vécu par Alain Marécaux et sa progressive descente aux enfers. Divorce, tentative de suicide, perte de son étude et de ses enfants, grève de la faim… Le rouleau compresseur de la machine judiciaire ne lui aura rien épargné.
Le réalisateur dénonce ainsi l’emballement aveugle d’un système qui ne laisse à personne la possibilité de s’expliquer et ferait avouer n’importe quoi à n’importe qui.
En ce sens, la scène de la garde à vue est d’une rare violence et prend une autre dimension peu de temps après l’entrée en vigueur de la fameuse et controversée réforme.

La réussite du film tient surtout à son casting, magistral.
Philippe Torreton est parfait dans le rôle d’Alain Marécaux et est allé jusqu’à perdre 27 kilos pour restituer au mieux le martyre vécu par l’huissier. Une prestation qui pourrait lui valoir un César en février.
Raphaël Ferret incarne quant à lui un juge Burgaud inhumain et froid, empêtré dans ses certitudes et persuadé de tenir l’affaire qui allait le rendre célèbre. Le titre du film illustre d’ailleurs parfaitement l’état d’esprit de ce magistrat carriériste pour qui tous les accusés étaient forcément coupables.
La scène de la confrontation avec Alain Marécaux est révélatrice : « Que faisait votre mère ? Elle est morte. Oui, ça je sais, je vous demande ce qu’elle faisait avant ».
Cette froideur est encore renforcée lors du procès en appel, lorsqu’il avance l’explication que son travail était purement technique pour justifier son désintérêt vis-à-vis des familles qu’il a détruites.

Le cinéma a aussi pour rôle de témoigner et de dénoncer certaines dérives. En ce sens, « Présumé coupable » est un film indispensable pour éviter d’autres dérapages de la sorte.
Les producteurs ne semblent pas prêts à lâcher le filon puisqu’une adaptation sur le meurtre d’Ilan Halimi par le gang des barbares est en préparation.

Bénédicte de M.


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