Pour ses Palmes d’Or, Cannes a rarement fait dans la facilité. Et l’édition 2011 qui confirme la règle, lui fait même allégeance en plaçant la barre à une hauteur critique confortable. Il y a tant à dire sur un réalisateur qui à 68 ans a réalisé seulement cinq films, dont l’ultime qui par sa mise en forme et son contenu suscitent bien des interrogations.Terrence Malick reprend à son compte les sempiternelles questions sur l’origine de l’homme à travers l’histoire d’une famille élevée à la dure par un père d’une intransigeance sans faille.
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Où l’on suit un excellent Brad Pitt, droit dans ses bottes, et qui frustré de ne pas avoir réussi sa vie (il rêvait d’être un grand musicien) déverse toute sa rancoeur sur sa femme et ses enfants.Les rapports sont d’autant plus tendus, parfois à la limite de l’insoutenable, que pendant ses absences, le cercle familial retrouve une harmonie parfaite, autour d’une maman très belle et très sensuelle. Le réalisateur ne se prive effectivement pas de ses moments de plénitude pour filmer Jessica Chastain , de manière sublime, à l’image d’une mise en scène le plus souvent élégante, voire raffinée.
Une opposition de style entre la forme et le fond qui m’a personnellement procuré une très belle sensation de cinéma, malheureusement chamboulée par tout un salmigondis d’images balourdes, qui dès la première partie du film, lui retire une bonne partie de son public.
Pourquoi le réalisateur a-t-il ainsi voulu nous confier sa vision « new age » du monde, à l’aide de séquences dignes des meilleurs documentaires scientifiques ? Magma en fusion, océan bienheureux, nature inviolée … le tout orchestrée par une pelletée de musiques, plus glorieuses les unes que les autres. J’aime la musique classique, mais un tel best of frise l’indigestion.
Sans cette longue entame pseudo philosophique, démonstrative et redondante « The tree of life » serait un très grand film. Un hymne fabuleux à la vie, à travers l’apprentissage qu’en font les trois enfants de la famille O’Brien. Hunter McCracken , qui joue le fils aîné est remarquable. Avec leurs copains d’école, ils m’ont fait parfois penser aux gamins de «Stand by me» de Rob Reiner, dans leur démarche adolescente. Sauf qu’ici Terrence Malick, y ajoute une quête spirituelle empreinte d’un indéfectible maniérisme. Le final qui n’en finit pas, est à ce titre consternant.
LES SUPPLEMENTS
- Au cœur de « The tree of life »
Tous les intervenants (Christopher Nolan, David Fincher…) mettent l’accent sur le caractère bien particulier du réalisateur et de son projet. « Jamais lu un tel scénario » (Grant Hill, producteur). Bill Pohlad, producteur : « C’est notoire, ses scénarios sont peu orthodoxes, il faut se mettre en condition. »
Douglas Trumbull, effets visuels: « C’est hors du champ normal de la réalisation cinématographique, car ce n’est pas une narration traditionnelle .Un territoire non verbal, complètement visuel, impressionniste, qui raconte une histoire très simple mais de façon très riche… ».
Brad Pitt explique sa façon de travailler : « il nous disait souvent de ne pas nous focaliser sur le scénario, il semait la pagaille sur des scènes pour nous surprendre et les rendre plus naturelles… ». Le comédien revient sur son personnage et sur ses relations avec le reste de sa famille, ce qui avec les commentaires des autres comédiens n’est pour une fois pas si vain. On peut comprendre ou saisir des subtilités qui à la première projection n’apparaissent pas évidentes.
Et ne manquez pas le chapitre sur les effets spéciaux sur l’origine de l’univers, à découvrir dans « l ‘arrière boutique »,
- Interview Alexandre Desplat
Bien qu’il n’y ait aucune image sur des séances de travail, de composition ou de répétition, cette rencontre avec le musicien français est très instructive, là encore sur la manière de travailler de Terrence Malick.« Les pièces musicales, sont pour lui des éléments à part entière, comme des images qu’il peut assembler, découper » résume le musicien.
- Terrence Manick …
Par Michel Ciment
La nature et la grâce : avec ces deux éléments, le critique de « Positif » dresse le portrait d’un homme et de son projet abouti à travers « Le livre de Job », « très représentatif de la philosophie du film ». Parmi les nombreux thèmes abordés, les influences du réalisateur sont intéressantes à décrypter, notamment celle de Elia Kazan.
Par Yvonne Baby
L’ancienne journaliste du Monde revient quant à elle plus spécifiquement sur l’œuvre de celui qu’elle qualifie de sage et de fou, mais les mêmes thèmes (Dieu, la grâce, les références ……) reviennent sur le tapis.