Parmi les autres expositions lyonnaises autour de la Biennale, il faut aller un peu au Nord de la ville dans un vieux fort militaire désaffecté et y voir l’exposition d’artistes sud-américains concoctée par trois jeunes diplômés du Magasin inspirés par l’enfermement réalisé par Graciela Carnevale en 1968 à Rosario (et alors rompu par un ‘Coup d’éclat’). Dans les couloirs souterrains du fort, on ne peut pas éviter les trainées de poudre de brique au sol, dont on dérange le bel ordonnancement à son corps défendant et qu’on répand en traces colorées, contaminant tout l’espace : la brique, de matériau, devient poussière, marqueur, la ligne devient désordre, passoire, le spectateur devient dérangeur, pollueur (Como polvo de ladrillo, de Juliana Iriart, 2011).
Isolement, retranchement, frontière dérisoire, vérité et réconciliation : ces artistes sud-américains entrent en résonance avec ce fort désaffecté, et c’est une belle réussite.
Ensuite, plus au Nord, on peut aller voir les monochromes gris de Alan Charlton au couvent de la Tourette (dû à Le Corbusier) : dépouillés, ascétiques, ils ne déparent pas le silence des lieux, bien faits pour l’art minimal, et ils résonnent avec le rythme xenakien des vitres (jusqu’au 6 novembre). La visite avec le frère Marc Chauveau, commissaire de l'exposition, est passionnante.Photo 2 courtoisie des commissaires et de l'artiste; photos 1, 3, 4 & 5 de l'auteur.