Peur et profonde insatisfaction quant aux services essentiels à la population en Afghanistan, alors que la sécurité se détériore et que les violations des droits humains se multiplient : le temps est compté pour changer de cap, avertit une alliance mondiale d’ONG.
Paris, 7 octobre 2011 – « 10 ans d’engagement n’ont pas conduit aux résultats que souhaitent voir les Afghans ainsi que les organisations d’aide internationale et de défense des droits de l’Homme. Un changement de direction est indispensable pour apporter au peuple afghan l’espoir d’un futur meilleur et plus sûr. Nous appelons nos gouvernements à parvenir à un accord fort sur la voie à suivre, lors de la Conférence de Bonn le 5 décembre prochain – moment crucial du processus politique qui définira l’engagement civil immédiat et à long terme de la communauté internationale en Afghanistan. Cette conférence ne doit pas se réduire à des bavardages inutiles », déclare une alliance d’ONG afghanes et internationales.
Illustrant la situation de la population sur le terrain, un nouveau rapport d’ONG fait ressortir les inquiétudes des Afghans à propos des services santé et d’ éducation ainsi que de l’insécurité grandissante, à mesure qu’augmente la pression et les attentes à l’égard du sommet prévu entre l’Afghanistan et ses partenaires internationaux, le 5 décembre prochain à Bonn (Allemagne).
Lors de cette enquête d’opinion menée par ACBAR, organe indépendant de coordination d’ONG afghanes et internationales en Afghanistan, des entretiens conduits auprès d’un échantillon représentatif d’hommes et de femmes dans 14 provinces du pays révèlent que, bien que beaucoup d’Afghans accueillent avec satisfaction la construction de nouvelles cliniques et écoles, il y a un mécontentement généralisé s’agissant de la qualité des prestations fournies: manque de services d’urgences, de médicaments et de personnel dans le secteur de santé, pouvant entrainer des décès, et manque de consistance dans le secteur de l’éducation.
« Des sommes énormes ont été dépensées en matière d’aide internationale et de fonds gouvernementaux – un total de 57 milliards de dollars US depuis 2001 – et il y a eu des progrès importants, notamment dans les zones urbaines. Cependant, cette enquête met en avant le fossé entre une rhétorique positive et la sombre réalité. Derrière les chiffres impressionnants de millions d’afghans ayant accès aux hôpitaux et aux écoles, il y a la réalité de gens qui peinent pour atteindre des cliniques s’avérant sans médicaments ni docteurs, et des écoliers qui s’évertuent à étudier sans livres et sans salles de classe », affirme Anne Garella, Directrice d‘ACBAR.
La peur croissante de la violence et des activités militaires de tous bords empêchent également l’accès aux services de base, indiquent les Afghans. Dans chaque région, ils expriment leur lassitude de la guerre après 30 ans de conflit et leur désir fort d’une solution de paix, condition essentielle pour être de nouveau capable d’étudier, de travailler et d’entrevoir des perspectives d’avenir. Néanmoins, la plupart des personnes interrogées ne sont au courant d’aucun processus de paix national ou international pour y parvenir.
Se faisant l’écho des préoccupations des Afghans, une alliance mondiale d’ONG afghanes et internationales appellent les ministres des Affaires étrangères qui se rencontreront à Bonn en décembre à :
- S’engager pour une aide humanitaire et au développement qui soit solide, durable et civile, afin de construire sur la base des acquis fragiles de ces dernières années, non seulement en termes de santé et d’éducation mais également pour répondre aux nombreux besoins vitaux que sont la nourriture, l’eau, l’assainissement et l’agriculture. Les efforts devraient se recentrer sur l’amélioration de la qualité des services plutôt que de se limiter à la construction d’infrastructures visibles. Il est également nécessaire de veiller à ce que des mécanismes forts soient mis en place pour garantir l’utilisation transparente et responsable des fonds de l’aide au développement.
- S’assurer que les Afghans de tous horizons et les représentants de la société civile jouent un rôle significatif dans tout processus visant à obtenir un règlement à long terme du conflit en Afghanistan – y compris les femmes qui n’ont eu souvent que très peu d’espace par le passé pour s’exprimer – et que le respect des droits humains et la justice sont au cœur de tout accord potentiel.
- Mettre en œuvre des nouvelles mesures pour s’assurer que tous ceux impliqués dans le conflit (forces internationales, forces de sécurité afghanes, groupes d’opposition armés) se conforment à leurs obligations d’éviter tout préjudice envers la population civile afghane.
Cet appel est relayé lors d’une série de rassemblements dans les capitales de six pays qui participeront à la Conférence de Bonn (Paris, Londres, Berlin, Oslo, Stockholm, La Haye). Dans le cadre de cette mobilisation internationale, des militants feront voler des cerfs volants géants portant le slogan « Afghanistan 10 ans : soyons à la hauteur ! » pour lancer la campagne visant à obtenir des engagements forts à Bonn le 5 décembre prochain. Un photo reportage exclusif de portraits d’afghans d’aujourd’hui sera également exposé et mis à disponibilité des médias.
Pour toute demande d‘information, veuillez contacter:
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- Julia Belusa : 06 70 01 58 43 / [email protected]
- Arthur Manet : 06 72 28 42 94 / [email protected]
NOTES AUX RÉDACTIONS:
i. ACBAR est l’organe indépendant de coordination des ONG de secours le plus large d’Afghanistan, avec 111 ONG membres dont 40% d’ONG afghans et 60% d’ONG internationales. Les conclusions clés de cette enquête d’opinion sont compilées dans un rapport synthétique disponible sur demande. Entre Juillet et Septembre 2011, 430 personnes ont été interrogées individuellement et 48 groupes de discussions thématiques se sont tenus également. Les personnes interrogées forment un échantillon représentatif d’hommes et de femmes, de divers milieux sociaux-économiques, divers tranches d’âge, personnes handicapés, dirigeants locaux, fonctionnaires et nomades (Kuchis). Cette consultation a été menée à Kaboul, Parwan, Bamiyan, Takhar, Nangahar, Ghor, Kandahar, Herat et Mazar-e-Sharif, et certains participants venaient également de Kunar, Laghman, Sar-e-pul, Samangan et Wardak.
ii. Le rassemblement en France aura lieu de 11.00 à 13.00 Place du Palais Royal à Paris, en face du Conseil d’ Etat. Plus de détails sur demande en ce qui concerne le visuel, les intervenants et les photos qui seront exposés.
iii. ACBAR organize sa conference de presse à Kaboul le 5 Octobre, en avance du lancement du rapport. Pour plus de détails, contacter Kamini Paul [email protected]
Action Contre la Faim (ACF), ACTED, Afgana, Afghanaid, Agency Coordinating Body for Afghan Relief's (ACBAR), British and Irish Agencies Afghanistan Group (BAAG), Catholic Agency for Overseas Development (CAFOD), Care International, Care France, Chaine de l’Espoir, Christian Aid, CIVIC (Campaign for Innocent Victims in Conflict), Cordaid, Fédération des Mères pour la Paix, Fédération Internationale des Ligues des Droits de l'Homme (FIDH), GERES, Handicap International, Madera, Médecins du Monde (MDM), Medica Mondiale, Mercy Corps, Norwegian Afghanistan Committee, Norwegian Refugee Council (NRC), Oxfam, Solidarités, Sports Sans Frontières, Swedish Peace and Arbitration Society, War Child