Et si Montebourg faisait perdre la gauche ?

Publié le 10 octobre 2011 par Hmoreigne

Il est la révélation des primaires. Arnaud Montebourg a endossé les habits qu'il affectionne le plus, ceux de chevalier blanc de la gauche ou plutôt de M. contre. Contre les cumuls de mandat, contre la mondialisation contre les banques. Demain peut être contre le mauvais temps. C'est naturellement son droit. Mais en jouant la carte de la démagogie contre le projet volontairement réaliste adopté par les socialistes, le député de Saône-et-Loire fait faire au PS un grand bond en arrière qui risque d'effrayer l'électorat modéré qui a lâché Sarkozy.

L'avocat Montebourg affectionne les effets de manche. Le député hier farouche opposant au cumul des mandats a fait comme ses pairs même s'il promet demain d'abandonner son mandat de parlementaire pour ne rester que président de Conseil général. La VIeme république qu'il défend est censée faire du Premier ministre le pivot institutionnel ? Peu importe lorsqu'il se rêve président Arnaud Montebourg n'est pas très loin de l'hyperprésidence de Nicolas Sarkozy. L'avocat sait également se faire procureur pour accuser Guerini de tous les maux mais étaye ses accusations d'un rapport indigent d'à peine deux pages, peu respectueux de la présomption d'innocence.

Sa vision économique défendue est nettement plus problématique. Faut-il promettre aux électeurs ce qu'ils souhaitent, une démondialisation c'est-à-dire un retour nostalgique et irréaliste à une France protégée et non exposée ou, au contraire, leur tenir un discours vérité qui n'exclut pas pour autant une volonté d'infléchir le cours de choses ?

Paradoxalement, la parade sur le papier la plus efficace à la mondialisation ravageuse n'émane pas de la gauche radicale mais de la droite du parti par la voix de Manuel Valls. Notamment lorsque le député-maire d'Evry  pointe les effets ravageurs des 35 heures et évoque la TVA sociale. Un dispositif novateur, certes à aménager pour ne pas pénaliser les défavorisés, mais qui propose de taxer les produits importés par une contribution destinée à financer notre système de protection sociale.

Le piège, souligné par Manuel Valls lorsqu'il dénonce les effets de tribune, est de présenter le monde qui nous entoure non tel qu'il est mais comme nous souhaiterions qu'il soit.

Or, quelle que soit la réussite des primaires, qui reste objectivement modeste car inférieur aux 10% du corps électoral attendu, les socialistes doivent faire attention à ne pas réserver leur discours à la gauche. Une gauche qui reste minoritaire dans le pays.

Tout l'enjeu pour le PS est là : faire émerger un candidat qui ne soit pas un repoussoir mais qui, par sa modération, sa capacité d'écoute soit susceptible d'élargir son électorat bien au-delà de la gauche. Passer outre cette réalité, ce sera transformer une victoire promise en défaite probable.