Contrairement aux idées reçues, ce sont les dirigistes, gaullistes ou socialistes, qui dérégulent le libre fonctionnement des marchés par leurs règlementations pléthoriques, et favorisent ceux qui détiennent un pouvoir de nuisance, c’est-à-dire les plus forts.
Par Alain Cohen-Dumouchel
Les dirigistes gaullistes et socialistes sont au pouvoir depuis 60 ans et arrivent encore à faire croire aux français que les idées libérales, pourtant très minoritaires, sont la cause du déclin dont ils sont responsables. Pour ce faire, les dirigistes ont fabriqué un libéralisme fantasmagorique, une espèce de fourre-tout idéologique dans lequel ils mélangent la loi de la jungle, le règne de la violence, « le renard libre dans le poulailler libre », l’enfer de la dérégulation, etc. Bref, ils nous dressent le portrait d’un ultra-libéralisme « sauvage » fondé sur la loi du plus fort.
La caricature a assez duré. Il est temps de dénoncer ces idées reçues sur le libéralisme et de montrer au grand jour la mauvaise foi du pouvoir en place.
Le libéralisme, c’est la loi de la jungle
Or les animaux et les plantes de la jungle ne raisonnent pas et ne connaissent pas de limite autre que la satisfaction de leur besoins. Il n’y a ni droit, ni contrat, ni responsabilité dans la jungle. La comparaison est donc absurde.
Il est en revanche un mouvement politique qui prône la suprématie de l’ordre naturel sur l’ordre humain : c’est l’écologie. Les écologistes admirent beaucoup la Loi de la jungle et les équilibres « naturels » qui en résultent.
Le libéralisme, c’est le règne de la violence
Or la philosophie libérale en plaçant la liberté, la responsabilité et surtout le consentement individuel au sommet des valeurs politiques est fondamentalement non violente. Les libéraux veulent des échanges pacifiques sans frontières ni contraintes tandis que les étatistes érigent des barrières et cultivent le patriotisme économique, quand ils ne poussent pas les peuples à s’entretuer au nom de la Nation.
Contrairement à ce qu’affirment les socialistes pour justifier leur interventionnisme autoritaire, la concurrence n’est pas la loi du plus fort mais celle du mieux offrant. Le marché n’est pas une arène mais le lieu d’échanges volontaires dans lesquels chaque partie trouve son compte.
Il est intéressant de constater que, dans les démocraties dirigistes, l’État devient l’objet de toutes les revendications puisqu’il est la source principale des concessions, avantages, privilèges et protections que chaque groupe de pression peut obtenir au détriment des autres.
Mécaniquement, l’État providence est amené à distribuer ses faveurs aux plus influents, aux plus rusés ou aux plus violents. Il incite aux blocages et aux réclamations musclées, seuls moyens d’obtenir une amélioration de son sort dans une société qui condamne le contrat et le consentement mutuel.
La description d’un libéralisme « violent » est donc un écran de fumée destiné à dissimuler le rôle essentiel de la brutalité dans la société étatiste.
Les libéraux veulent déréguler
Faux. L’emploi du mot dérégulation (supprimer les règles) à la place du mot dérèglementation (supprimer des règlementations) est tout à fait caractéristique de la désinformation dirigiste. Cette confusion volontaire est suffisamment subtile et perfide pour que certains libéraux ne protestent pas avec véhémence lorsqu’on les accuse de vouloir « déréguler ».
La régulation voulue par les libéraux nait de la loi de l’offre et de la demande, et de la concurrence économique ou intellectuelle entre individus libres et responsables. Contrairement aux idées reçues c’est une régulation forte et très contraignante qui bouscule les rentes de situation et récompense ceux qui rendent le plus de services aux autres.
Les libéraux ne sont donc pas contre la régulation en revanche ils sont très méfiants vis à vis des règlementations excessives et centralisées, marques de fabrique du dirigisme économique ou moral.
Ce sont les interventionnistes qui faussent la régulation naturelle au moyen de réglementations pléthoriques : subventions, incitations, concessions, privilèges, monopoles, d’un côté, barrières douanières, protections, blocage des prix de l’autre.
En taxant les uns, pour favoriser les autres, en incitant à ceci et en interdisant cela, ce sont eux qui dérégulent le marché en favorisant le plus influent, le plus malin ou celui qui détient un pouvoir de nuisance.
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