Aie pitié de moi, Seigneur, aie pitié de moi selon ta patience et ton inlassable bonté.
Efface de mon âme jusqu'au moindre vestige des doctrines venimeuses que le diable y inscrivit jadis. Qu'elle soit une page blanche, où tu traceras, en lettres
de lumière, ta volonté et les secrets de ta Sagesse. Qu'elle se purifie toujours davantage et qu'elle resplendisse enfin comme la neige des hauts sommets
sous le soleil de ton Amour.
Que le rythme des heures qu'il me reste à vivre ici-bas se règle exclusivement sur la sainte doxologie : Gloire au Père, et au Fils et au Saint-Esprit,
comme il était au commencement, et maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles, ainsi soit-il..
Invocation fortifiante qui fait que je me réjouis d'avoir souffert et de souffrir encore pour ton service. Chaque fois que je la prononcerai d'un cœur contrit
et d'un esprit droit, je sais que ta grâce affluera dans mon âme et que le Paraclet me donnera la force de surmonter joyeusement la nature.
Je t'offre mon âme. C'est une masure indigente. Mais si tu daignes y habiter, elle deviendra plus splendide qu'un palais en fête.
Et je t'offre mon cœur d'où je me suis efforcé de chasser tout penchant aux choses de ce monde. Si tu daignes y habiter, il sera comme un parterre de fleurs
que cultivent tes Anges.
Or Jésus me répond :
En croix sur le Calvaire, je souffre et je saigne pour le rachat de tous ces hommes qui m'ignorent et de tous ces hommes qui me haïssent et me méprisent.
Si tu m'aimes, viens m'y retrouver.
Je veux bien, Seigneur. Permets que je sois crucifié à ta droite comme le bon Larron. Et, de même que tu te souvins de lui, souviens-toi de moi dans ton
royaume du Ciel..
Adolphe Retté (1863-1930). Extrait des Oraisons du Silence, Paris, Messein,1930, pp. 199-200.
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