Et c'est à un véritable exercice de communication auquel se sont livrés d'une part le Parti communiste, et d'autre part Jean Luc Mélenchon. Comment auraient-ils pu poursuivre leur dédain à l'égard de cette primaire, compte-tenu des deux millions d'électeurs de gauche mobilisés ce dimanche ? Compte tenu, surtout, de la surprise créée par Arnaud Montebourg, troisième homme avec 17 % des voix selon les dernières estimations ? Un ténor, animé par des "idées de rupture qu’il porte dans des termes souvent identiques à ceux du Front de Gauche" selon les mots de Jean Luc Mélenchon. Alors, oui, au Front de gauche, on aimerait voir dans cette part des votants une ressource de voix pour 2012.
L'eurodéputé, candidat du Front de gauche à la présidentielle, appelle donc Arnaud Montebourg à "n’accepter aucun marchandages ni arrangements de circonstances pour le deuxième tour". Une manière de rappeler aux électeurs de la primaire que, contrairement à lui, Arnaud Montebourg reste un élément du Parti socialiste, qui se devra de rallier un candidat au second tour de la primaire, et de porter le candidat socialiste en 2012. Le cousin par alliance ne manque donc pas de rappeler que lui sera présent, à la présidentielle, pour porter les couleurs du Front de gauche. Probablement Jean Luc Mélenchon va-t-il ostensiblement draguer les électeurs de Montebourg dans les prochaines semaines. Des sympathisants de la gauche de la gauche, qui par ailleurs n'iront pas forcément apporter leur soutien à Martine Aubry dimanche prochain. Une bataille du milieu que vont entamer dès cette semaine Jean Luc Mélenchon et la maire de Lille…
Côté communiste, on voit dans cette opération "une disponibilité citoyenne importante pour le débat d’idées à gauche". L'occasion surtout de tenter d'exister face à l'omniprésence médiatique du Parti socialiste. Et le PCF de comparer l'engouement autour de la primaire socialiste à une autre dynamique populaire, celle que porte, selon lui, la campagne du Front de gauche. Annoncée à l'automne dernier comme "une nouvelle forme d'engagement politique" à gauche, cette campagne peine toujours à s'inscrire dans le débat politique, malgré quelques bons départs ici et là. De fait, au soir du premier tour de la primaire socialiste, chacun, à l'UMP comme au Front de gauche, se retrouve forcé d'admettre que si une dynamique citoyenne s'est bien constituée autour d'une campagne, c'est du côté du Parti socialiste qu'elle s'est concrétisée.